IranNucléaireNucléaire iranien : l'AIEA conforte les soupçons

Nucléaire iranien : l’AIEA conforte les soupçons

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Le Figaro, Vienne, 22 février – Par Maurin Picard – Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohammed ElBaradei, a présenté hier ses conclusions sur les « activités nucléaires présentes et passées » de l’Iran, dans un rapport très attendu dont Le Figaro a pu se procurer une copie. S’il clôt officiellement l’enquête sur certains pans controversés du programme nucléaire iranien, il se refuse cependant une nouvelle fois à statuer sur la nature pacifique de celui-ci, à défaut de pouvoir compter sur une coopération pleine et entière de l’Iran. Dans ce document de 11 pages dressant le bilan d’un « plan de travail » convenu en août 2007 avec Téhéran, le patron du « chien de garde nucléaire » de l’ONU loue la coopération accrue du régime islamique, l’accès offert « à des individus et des documents » et longtemps refusé auparavant, mais il relève d’un autre côté les nombreuses « questions toujours en suspens ».

DES PLANS REMIS « PAR ERREUR »

Au rayon des satisfactions, l’agence de Vienne se contente des explications offertes au regard des expériences sur le polonium 210, un isotope rendu tristement célèbre par l’affaire de l’empoisonnement de l’ex-agent du KGB, Alexander Litvinenko, à Londres, en novembre 2006, après ingestion de cette matière radioactive. L’Iran avait toujours dit vouloir se servir du polonium pour des applications civiles, bien que le Po-210 entre également dans la composition de têtes nucléaires. L’AIEA se satisfait également des « progrès » accomplis dans la connaissance des programmes relatifs au développement des centrifugeuses de type P1 et P2, malgré un long passé de dissimulation de la part de l’Iran sur ces machines servant à enrichir l’uranium, et dont des versions perfectionnées sont en cours d’assemblage sur le site de Natanz, à 250 km au sud-ouest de Téhéran.

Les inspecteurs de l’ONU ont également été fournis en documents étayant les travaux effectués sur la production d’uranium métal et les plans industriels, découverts par hasard en 2005, concernant le moulage de cette matière en demi-sphères. Une technologie qui ne peut s’expliquer que dans le cadre de la réalisation d’ogives nucléaires.Là encore, les explications de Téhéran semblent avoir convaincu l’AIEA, qui feint de croire que ces plans ont été remis « par erreur » en 1987 aux Iraniens par les émissaires d’Abdul Qadir Khan, le scientifique pakistanais à la tête d’un réseau mondial de « marché noir du nucléaire » partiellement démantelé en 2004.

Enfin, l’Iran s’en tire à bon compte avec des explications emberlificotées sur la séquence d’événements survenus à la mine d’uranium de Gchine, passée entre les mains du ministre iranien de la Défense de 1999 à 2003. Cette année-là, le début des inspections de l’AIEA avait semblé perturber les plans de Téhéran, qui avait précipitamment rendu les clés de Gchine à l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), responsable du programme nucléaire national censé être développé à des fins exclusivement civiles.

MYSTÉRIEUX PROJET

À la lumière de ces informations, l’AIEA déclare ces différentes questions officiellement « closes », quand bien même elle « continuera de chercher à corroborer » les données rassemblées jusqu’à présent et à en « vérifier le caractère complet ».

Et c’est justement là, pour Mohammed ElBaradei, que le bât blesse. Selon l[ces conse chef des inspecteurs, Téhéran n’aurait toujours pas fourni d’explications suffisantes ni cohérentes face aux rumeurs insistantes concernant « une possible dimension militaire à son programme nucléaire ». Il fait référence aux révélations sur l’existence d’un mystérieux projet « Green Salt », qui coordonnerait tous les travaux de recherche et développement pour la production d’une arme nucléaire. « A la lumière de [ces constatations »>, l’agence ne se trouve pas encore en mesure de déterminer la nature exacte du programme nucléaire de l’Iran », conclut le directeur général de l’AIEA, qui appelle Téhéran à cesser immédiatement ses activités d’enrichissement d’uranium et coopérer de manière non plus « ad hoc », mais « plus systématique » avec ses enquêteurs.

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