Obama a sévèrement critiqué par le passé la politique menée par Bush à l’égard de l’Iran et il a promis, s’il remporte l’élection présidentielle, une plus grande implication des Etats-Unis pour tenter de convaincre Téhéran de renoncer à son programme d’enrichissement d’uranium.
Lors d’une conférence de presse à Paris, il a cependant invité le gouvernement iranien à ne pas attendre le prochain locataire de la Maison blanche pour parvenir à un accord sur son programme nucléaire, une marque de soutien inhabituelle à l’actuelle administration républicaine.
"Bill Burns est quelqu’un de très sérieux. Et les Iraniens devraient prendre ce geste au sérieux", a déclaré Obama dans un entretien accordé à Reuters samedi dans l’avion qui le ramenait aux Etats-Unis après une tournée internationale d’une semaine dans sept pays.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et l’Allemagne ont soumis à l’Iran une série de propositions comprenant des mesures incitatives pour le convaincre de renoncer à ses activités sensibles. Téhéran a jusqu’à présent toujours refusé de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.
"Je souhaite que l’administration Bush réussisse en coopération avec les Européens à obtenir que l’Iran renonce à son programme nucléaire militaire", a déclaré le candidat des démocrates.
OBAMA ADEPTE DU PRAGMATISME EN POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Obama, qui affrontera le républicain John McCain le 4 novembre, s’est rendu en Afghanistan, en Irak, au Koweït, en Jordanie, en Israël, en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne.
Dans l’entretien qu’il a accordé à Reuters, le sénateur métis a expliqué qu’il souhaitait développer une approche "pragmatique" en matière de politique étrangère, qu’il a définie comme un équilibre entre la promotion des droits de l’homme et la défense des intérêts américains notamment en matière de sécurité.
"Il y a toujours eu une tension dans la politique étrangère américaine entre le réalisme et l’idéalisme", a-t-il expliqué. "Nous atteignons le maximum d’efficacité lorsque nous sommes à la fois préoccupés par la protection de nos valeurs et de nos idéaux dans le monde mais également conscients de la difficulté de faire avancer les sociétés dans certaines directions", a expliqué le candidat démocrate.
"Donc nous devons avoir une certaine humilité sur ce que nous sommes capables d’accomplir à une période donnée", a-t-il poursuivi.
Obama est par ailleurs revenu dans son entretien avec Reuters sur sa rencontre avec le Premier ministre irakien Nouri al Maliki et le président afghan Hamid Karzaï.
"Je pense que Maliki a pris des décisions difficiles, notamment d’investir Bassorah et Sadr City pour démanteler les milices chiites. Je suis heureux de voir qu’il a la volonté d’assumer davantage de responsabilités pour la propre sécurité de son pays", a déclaré Obama.
"Je pense qu’il admet que le gouvernement irakien doit à la fois devenir plus efficace et s’ouvrir encore à toute la population", a-t-il ajouté.
Le candidat démocrate a par ailleurs décrit le président afghan comme un homme "très intelligent et charmant" qui possède une vision de l’avenir de son pays. Obama a toutefois appelé Karzaï à lutter contre la corruption au sein de son gouvernement et à combattre le trafic de drogue.
"J’ai dit au président Karzaï que je pensais qu’il devait vraiment se concentrer sur les problèmes de corruption et de lutte contre la drogue et qu’il devait lutter contre le trafic de drogue de manière bien plus agressive que ce qui a été fait jusqu’à présent", a déclaré Obama.