Associated Press: L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré jeudi qu’elle soupçonnait l’Iran de mener des expériences pour utiliser l’uranium enrichi dans la fabrication d’une arme nucléaire.
C’est la première fois que cette agence dépendant des Nations unies rend publiques de telles inquiétudes, qui semblent confirmer celles de plusieurs pays mais contredire les Etats-Unis, pour lesquels ces activités étaient probablement suspendues depuis 2003.
Dans un rapport confidentiel destiné aux 35 Etats du Conseil des gouverneurs et que l’Associated Press a pu consulter, l’AIEA estime aussi que le régime des mollahs a, comme il l’affirme, effectivement réussi à obtenir une petite quantité d’uranium enrichi à 20% dans sa centrale de Natanz (centre de l’Iran), où le processus avait été lancé le 7 février, officiellement pour alimenter le réacteur de recherche de Téhéran.
Les experts considèrent qu’il est assez facile, une fois atteint le seuil des 20%, d’enrichir l’uranium jusqu’à 90%, le minimum requis pour fabriquer une arme nucléaire.
L’AIEA écrit dans son rapport, fondé sur les informations transmises par les services de renseignement de différents pays, dont Israël, que la résistance de l’Iran à ses inspections "suscite des inquiétudes quant à de possibles dimensions militaires du programme nucléaire de l’Iran". Les indices recueillis "suscitent des inquiétudes quant à la possible existence en Iran d’activités non déclarées, passées ou présentes, liées au développement d’une charge nucléaire pour un missile", précise l’agence.
L’Iran soutient que son programme nucléaire est destiné à un usage strictement civil et nie avoir jamais conduit des expériences sur les techniques de fabrication des têtes nucléaires pour les missiles.
Le renseignement américain estimait dans un rapport publié en novembre 2007 que de telles activités avaient apparemment été menées mais qu’elles étaient suspendues depuis 2003. Ils sont en train de réévaluer la situation.
Plusieurs alliés des Etats-Unis, dont l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont laissé entendre que leurs services de renseignement craignaient aussi que ces activités nucléaires militaires ne se soient poursuivies en 2004 et après.