AFP, 1 décembre – L’Iran a accusé mercredi les Occidentaux d’avoir planifié les attentats contre des scientifiques iraniens afin de faire pression sur Téhéran avant la reprise des négociations nucléaires avec les grandes puissances.
« Ces vicieux voulaient montrer leur visage hideux, celui de la politique du bâton et de la carotte, avant les prochaines négociations nucléaires », a dit le chef du programme nucléaire Ali Akbar Salehi aux obsèques de Majid Shahriari, physicien nucléaire tué lundi par l’explosion d’une bombe dans sa voiture.
« Mais nous sommes les élèves de l’imam Khomeiny qui disait: +si vous nous tuez, nous serons plus forts+ », a ajouté M. Salehi, cité par la télévision d’Etat, sans nommer de pays.
Des dirigeants iraniens ont néanmoins accusé les services de renseignement israélien Mossad et américain CIA d’avoir organisé l’attentat à Téhéran, ainsi que celui, simultané, qui a blessé le scientifique Fereydoun Abbassi Davani, un haut responsable du programme nucléaire.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l’Allemagne doivent retrouver l’Iran le 6 décembre à Genève pour tenter de relancer le dialogue, bloqué depuis un an, sur le dossier nucléaire iranien controversé.
Le négociateur iranien à ces discussions, Saïd Jalili, a lui aussi violemment attaqué les Occidentaux lors des obsèques de M. Shariari.
« Ils ont utilisé tous les moyens à leur disposition (pour faire pression sur l’Iran), comme voter des résolutions et imposer des sanctions mais ils n’ont abouti à rien. Aujourd’hui, ils ont recours à l’assassinat, ce qui montre leur désespoir », a-t-il déclaré, cité par la télévision d’Etat.
Le président Mahmoud Ahmadinejad a imputé mardi aux membres du Conseil de sécurité la responsabilité des deux attentats, pour avoir publié les listes des responsables iraniens soumis à des sanctions en raison de leur implication dans le programme nucléaire, une « incitation pour les (…) tueurs sionistes ».
Davani figure sur ces listes comme « scientifique de haut rang du ministère de la Défense, » mais Shahriari n’y figurait pas.
« C’est un grand scandale pour le Conseil de sécurité que ses résolutions soient exécutées par des terroristes (…) », a renchéri M. Jalili.
Le Conseil de sécurité a adopté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, contre l’Iran soupçonné malgré ses dénégations de chercher à se doter de l’arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.
Israël et les Etats-Unis ont dit maintes fois ne pas exclure une action militaire contre les installations nucléaires iraniennes si les sanctions ne parvenaient pas à convaincre Téhéran de stopper son programme d’enrichissement d’uranium, au coeur des inquiétudes internationales.
M. Ahmadinejad a toutefois réaffirmé, après l’assassinat de M. Shariari, que le droit de l’Iran à enrichir l’uranium n’était « pas négociable ». Si les Occidentaux « tentent de faire pression sur l’Iran, la négociation ne mènera à rien ».
Au Koweït, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a réaffirmé que son pays ne ferait pas de concession à Genève. « Nous soutenons les négociations et le dialogue. Mais cela ne veut pas dire que nous allons faire des concessions ou revenir sur notre position de principe ».
« Les négociations avec les 5+1 reprendront la semaine prochaine et nous espérons voir une volonté sérieuse en vue de discussions constructives », a-t-il ajouté.