AFP – Le dossier nucléaire iranien, plus que jamais dans l’impasse, va de nouveau donner du fil à retordre aux gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), mais ils pourront toujours se prévaloir d’une légère concession de la part de la Syrie.
L’exécutif de l’agence onusienne, qui comprend 35 membres, se réunit à partir de lundi et jusqu’à vendredi à Vienne, siège de l’institution.
Dans son dernier rapport sur l’Iran, l’AIEA a fait état de « nouvelles informations » sur le programme nucléaire de la République islamique alimentant les craintes d’une partie de la communauté internationale selon lesquelles elle veut se doter de l’arme atomique.
L’agence « reste inquiète concernant l’existence en Iran d’activités nucléaires secrètes, présentes ou passées (…) y compris des activités de développement d’une tête nucléaire pour un missile », a-t-elle écrit dans ce rapport confidentiel dont l’AFP a obtenu une copie. Et d’exhorter de nouveau le pays à pleinement coopérer.
En plus de huit ans d’enquête, l’agence reste incapable de déterminer précisément les visées du programme nucléaire de l’Iran, dont Téhéran affirme qu’il est purement pacifique.
La réponse à apporter aux obstructions permanentes faites par ce pays reste le grand défi auquel est confrontée l’agence, car ce comportement, adopté en partie aussi par la Syrie, menace de saper durablement la crédibilité de l’AIEA, indique un diplomate occidental sous couvert d’anonymat.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à plusieurs reprises à Téhéran de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium dans une série de résolutions assorties de sanctions économiques, sans succès.
En tant que signataire du traité de non-prolifération nucléaire, le pays revendique le droit d’enrichir de l’uranium pour produire de l’électricité et à des fins de recherche médicale.
Il a d’ailleurs fait savoir à l’AIEA que son deuxième centre d’enrichissement d’uranium à Fordo, près de la ville sainte de Qom, doit entrer en service « d’ici à cet été », selon le rapport. Il a annoncé son existence en 2009, mais avait commencé en secret sa construction plusieurs années auparavant. Cette révélation lui avait valu d’être épinglé dans une résolution, la dernière en date adressée par l’agence au pays.
Si le dialogue de sourds continue avec l’Iran, l’autre dossier casse-tête de l’AIEA, la Syrie, a connu une timide avancée. Damas a en effet accepté la visite d’inspecteurs sur le site de Homs, dans l’ouest de la Syrie, ce qui pourrait représenter « un pas en avant », selon l’agence.
Les détails de cette visite, fixée au 1er avril, restent à fixer, indique-t-on de source diplomatique.
Le pays n’a plus accepté d’inspecteurs sur son sol depuis juin 2008. Le site de Homs est connu de l’AIEA et n’est pas considéré comme suspect contrairement à celui d’Al-Kibar, bombardé en septembre 2007 par Israël en raison de soupçons de projets de construction d’un réacteur nucléaire.
Le directeur général de l’agence, le Japonais Yukiya Amano, avait en novembre dernier adressé une lettre au ministre syrien des Affaires étrangères pour lui demander une pleine coopération, signe d’une impatience grandissante face à l’attitude de Damas.
Certains pays, Etats-Unis en tête, font pression depuis plusieurs mois en faveur de l’adoption d’une possible résolution contre la Syrie, voire d’une « inspection spéciale ». En cas de refus, le pays devrait rendre des comptes au Conseil de sécurité de l’ONU.
En répondant, même de façon très partielle aux demandes de l’AIEA et peu de temps avant la réunion des gouverneurs, la Syrie semble en tous cas se ménager un répit, au moins jusqu’en juin, date du prochain conseil.