IranNucléaireDiscussions difficiles sur le nucléaire iranien à Moscou

Discussions difficiles sur le nucléaire iranien à Moscou

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MOSCOU (Reuters) – par Justyna Pawlak et Yeganeh Torbati-  L’Iran et les six grandes puissances impliquées dans les négociations sur son programme nucléaire, qui ont repris lundi à Moscou pour deux jours, ont eu « un échange de vues intense et difficile », a déclaré Michael Mann, porte-parole de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, avait auparavant jugé ardu de concilier les positions des deux camps.

 La réunion de Moscou est la troisième du genre depuis que l’Iran et les Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont renoué le dialogue en avril après 15 mois d’interruption.

La menace d’enlisement, voire de rupture de ces discussions alimente l’hypothèse d’une intervention militaire d’Israël, qui menace de bombarder les sites nucléaires iraniens en cas d’échec des efforts diplomatiques.

Aucune percée significative n’est attendue lors de ce troisième rendez-vous, les Six craignant que la moindre concession ne permette à Téhéran de gagner du temps pour mener son programme nucléaire à bien.

« Le principal obstacle réside dans le fait que les positions des deux parties sont assez difficiles à concilier », a déclaré Sergueï Riabkov. « L’atmosphère n’est pas du tout positive », a renchéri un diplomate iranien.

« Si l’Iran refuse de saisir l’occasion de ces pourparlers, il devra faire face à la poursuite et à l’intensification des pressions et de l’isolement », avait auparavant averti un diplomate occidental.

L’arrêt de la production d’uranium enrichi à 20%, étape essentielle sur la voie de l’acquisition de la bombe que l’Iran justifie par les besoins de son réacteur de recherche médicale de Téhéran, est l’une des principales exigences des Six.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a laissé entendre lundi que Téhéran pourrait y renoncer.

« BOMBARDER OU RISQUER D’ÊTRE BOMBARDÉ »

« Depuis le début, la République islamique dit que si les pays européens fournissent à l’Iran du combustible enrichi à 20%, il n’enrichira pas à ce degré », lit-on dans un texte qui lui est attribué sur le site internet de la présidence iranienne.

Le chef de l’Etat, dont le deuxième et dernier mandat s’achève l’an prochain, est toutefois en disgrâce auprès de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, qui a le dernier mot sur tous les sujets stratégiques, tels que le programme nucléaire.

Si les soupçons qu’il suscite ne sont pas levés à brève échéance, Israël « pourrait se trouver face à un dilemme: bombarder ou risquer d’être bombardé », a déclaré dimanche Moshe Ayalon, vice-Premier ministre israélien.

« Si le choix se présente, il est préférable de bombarder » plutôt que de laisser l’Iran se doter de la bombe atomique, a-t-il poursuivi. Et d’ajouter: « J’espère que nous n’aurons pas à trancher ce dilemme ».

Les soupçons occidentaux ont été renforcés récemment par le refus de l’Iran de laisser des experts de l’Onu inspecter le site militaire de Parchin, où l’Agence internationale de l’Energie atomique soupçonne l’existence d’activités liées à l’élaboration d’une arme nucléaire.

A Moscou, les Six, représentés par Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne, espèrent au moins obtenir l’assurance que Téhéran est disposé à aborder des questions concrètes, ce qui permettrait de poursuivre les discussions.

A Bagdad, ils ont à nouveau proposé à l’Iran d’expédier l’essentiel de son stock d’uranium à l’étranger pour qu’il y soit enrichi et de lui fournir les isotopes nécessaires à son réacteur de recherches, ce qui limiterait sa marge de manoeuvre dans le domaine militaire et dissiperait les soupçons.

Ils seraient prêts en échange à alléger les sanctions concernant les exportations de pièces détachées d’avions, mesure jugée insuffisante par le négociateur iranien Saeed Jalili.

Il aurait toutefois accepté d’étudier l’offre en profondeur, a-t-on appris la semaine dernière de sources européennes. La Russie, qui tient à éviter un échec des discussions de Moscou, cherchera au moins à obtenir un nouveau rendez-vous.

Avec Yeganeh Torbati à Moscou, Mohammed Abbas à Londres, Fredrik Dahl à Vienne et Marcus George à Dubaï; Bertrand Boucey, Marine Pennetier et Jean-Philippe Lefief pour le service français

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