LUXEMBOURG, 15 oct 2012 (AFP): Par Yann OLLIVIER – L’Union européenne a nettement renforcé lundi l’arsenal de ses sanctions financières et commerciales contre l’Iran, cherchant à pousser Téhéran à reprendre les négociations sur son programme nucléaire controversé, au point mort depuis trois ans.
Adoptées lundi par les ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg, elles s’ajoutent à un arsenal déjà très sévère, notamment depuis l’embargo pétrolier entré en vigueur en juillet dernier.
L’UE s’attaque aux transactions financières avec une interdiction de principe de toute transaction entre les banques européennes et iraniennes, avec des exemptions accordées au cas par cas pour permettre la poursuite du commerce légitime.
S’y ajoutent des sanctions renforcées contre la Banque centrale iranienne, de nouvelles restrictions sur le transport d’hydrocarbures ou l’interdiction d’importer du gaz iranien.
Un ministre iranien et 34 sociétés, actives notamment dans le secteur du pétrole et du gaz, viendront allonger les listes noires de l’UE des gels d’avoirs et interdictions de visa, selon un diplomate.
L’Iran « continue de refuser de coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’Energie atomique » (AIEA), ont expliqué les ministres européens des Affaires étrangères à l’appui de leur décision.
Washington a salué ces mesures visant à « faire pression sur le gouvernement iranien et à l’isoler ».
Elles sont « un pas nécessaire pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique », a jugé la présidente du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil), Maryam Radjavi.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, émissaire des grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien, a précisé qu’elle continuait en parallèle « à faire tous les efforts pour explorer » une solution négociée avec l’Iran.
Mais « malgré tous ces efforts de négociations, l’Iran continue à jouer la montre », a déploré le ministre allemand Guido Westerwelle. Toutefois, selon lui, « l’effet des sanctions montre qu’une solution politique est possible ».
Après l’avoir longtemps niée, les dirigeants iraniens commencent à admettre l’ampleur des dégâts, dénonçant depuis l’été une « guerre économique » contre leur pays. Téhéran continue cependant de réaffirmer qu’il n’abandonnera jamais son programme nucléaire, soupçonné malgré ses démentis de dissimuler un volet militaire.
Lundi, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé des sanctions « barbares » visant à « perturber le calme » en Iran, tout en prédisant que les Occidentaux allaient « échouer dans leur confrontation économique contre la nation iranienne ».
« Le régime iranien lui-même peut agir de manière responsable et mettre un terme à ces sanctions » en se rendant à la table des négociations, ont expliqué les ministres européens dans leur déclaration commune.
Certains pays, comme la Russie, envisagent de reformuler l’offre des grandes puissances à l’Iran pour relancer la voie diplomatique, indique un diplomate. Mais « rien ne bougera avant les élections américaines », juge-t-il.
Faute d’avancée prochaine, l’UE s’est dite lundi déterminée « à augmenter la pression en coordination étroite avec les partenaires internationaux ».
De fait, les 27 sont déjà d’accord sur le principe de nouvelles sanctions, cette fois contre des entreprises de télécoms liées aux Pasdaran, les Gardiens de la révolution, et au secteur nucléaire, a précisé à l’AFP un diplomate européen à l’AFP.
Toutefois, les détails risquent de faire l’objet d’âpres négociations, la Suède notamment étant « très attentive à ses intérêts économiques » et à ceux de la société Ericsson, selon plusieurs diplomates européens.