Life in IranUne "effondrement" environnemental guette l'Iran

Une « effondrement » environnemental guette l’Iran

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Iran Focus – Alors que la dictature iranienne, embourbée dans ses crises, a délaissé la protection des espaces naturels et se montre incapable de gérer les pollutions globales et locales de l’air, des eaux et des sols, entraînant une extinction de masse, les spécialistes mettent en garde sur le danger d’un « effondrement » environnemental du plateau iranien.

 Dans une récente étude, l’ « Environmental Performance Index », qui suit les différents indicateurs de l’environnement, la santé publique et la vitalité des écosystèmes a placé l’Iran en 83e position sur les 178 pays classés. Une régression affligeante pour un pays où l’environnement a commencé à être pris en compte par l’État dans les années 1950. En se dotant d’abord d’une « Association iranienne de la vie sauvage » en 1956, puis d’une « Organisation de la chasse et de la pêche en 1967 » et enfin d’un Ministère de l’environnement en 1971. Mais depuis l’avènement du régime islamiste en 1979, la protection de l’environnement a été reléguée en bas des priorités, arrivant bien derrière les ambitions militaristes et nucléaires et l’objectif de l’exportation de la révolution islamique par un soutien dispendieux aux groupes extrémistes de la région ou aux dictateurs scélérats comme celui de Syrie.

 

 Une pollution atmosphérique endémique

Un des principaux problèmes environnementaux en Iran est la pollution de l’air, particulièrement dans les zones urbaines. Cette pollution est liée aux émissions des véhicules, aux opérations de raffinerie et aux effluves industriels L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé que cinq villes iraniennes, dont Téhéran, se trouvent dans le top 10 des villes les plus polluées aux PM10, ces particules fines considérées comme nocives pour la santé. Plus de 1,5 million de tonnes de produits polluants sont rejetés dans la capitale chaque année, rendant l’air irrespirable pour sa population de 8 millions d’habitants. Mais c’est la ville d’Ahvaz qui se distingue: en tête de peloton, celle-ci a le taux de concentration en PM10 le plus élevé dans le monde, devançant les pires villes chinoises dans ce domaine.

  La pollution tue chaque mois en moyenne 277 personnes dans le pays, a révélé un conseiller du ministre iranien de la Santé, cité par les médias iraniens. Près de 5 000 personnes sont hospitalisées chaque année pour des problèmes respiratoires et 3 000 autres pour des problèmes cardiaques directement liés à la pollution.

 Le régime n’a rien entrepris pour réglementer les émissions de polluants atmosphériques des moteurs à essence et diesel. À la différence des pays voisins, l’Iran n’impose pas les normes européennes pour limiter l’émission des particules fines nocives et des substances mortelles, en particulier les gaz toxiques. Avec une qualité d’essence inférieure, les voitures iraniennes consomment plus que dans les autres pays. L’essence produite en Iran contient « entre 2% et 3% » d’éléments cancérigènes, alors que ce taux doit être inférieur à 1% selon les spécialistes. De même, le taux de sulfure de l’essence est plus de trois fois supérieur aux normes internationales.

 Cette situation découle de l’incurie des autorités intégristes. Plus occupés à exporter la révolution islamique que de se préoccuper du développement industriel de l’Iran, les raffineries iraniennes ont été gravement négligées. L’Iran produit plus de 60 millions de litres d’essence pour la consommation intérieure, mais sa qualité est médiocre, de qualité euro 2, et ne satisfait pas la norme de l’essence euro 4 et euro 5, utilisée dans les pays européens.

 

La crise de l’eau s’aggrave

Ces dernières années, plusieurs grandes rivières iraniennes se sont asséchées. Les médias ont révélé récemment que « sur quelques 1200 villes en Iran, seulement 500 peuvent fournir suffisamment pour la consommation courante». Cité par l’agence Reuters, un coordonnateur des Nations Unies pour l’Iran a alerté en août que «la pénurie d’eau pose aujourd’hui le plus grave défi à la sécurité publique en Iran».

 L’eau devra bientôt être rationnée dans la capitale, une mégapole de 8 millions d’habitants. La moyenne des précipitations à Téhéran est d’environ 149 mm par an, mais 90 % sont perdues en raison de la mauvaise gestion. Des facteurs tels que l’endiguement excessif des rivières, les mauvaises techniques d’irrigation, la sécheresse et le changement climatique ont contribué à la crise de l’eau de l’Iran.

 Des protestations ont eu lieu dans plusieurs villes contre la pénurie d’eau. Craignant que les manifestations ne s’étendent à travers le pays, le Guide suprême du régime, Ali Khamenei, a ordonné aux officiels de trouver une solution à la pénurie d’eau. Son conseiller militaire, Rahim Safavi, a déclaré que des plans étaient en cours pour échanger de l’eau et du pétrole avec le Tadjikistan, ajoutant : « La crise de l’eau et de l’énergie est étroitement liée à la sécurité nationale».

 

Le légendaire lac Oroumieh en sursis

Le lac Oroumieh, premier lac de l’Iran et jadis le deuxième plus grand lac salé du monde (145 km de longueur sur 55 km de largeur), est cité dans les récits historiques de divers civilisations depuis des millénaires. Aujourd’hui il n’est que l’ombre affligeante de lui-même.

 Prisé pour ses vertus thérapeutiques, attirant les curistes du monde entier, Oroumieh est en train d’être rayé de la carte. Les touristes, émerveillés par la multitude de flamants roses, de pélicans et d’autres oiseaux des rivages, se baignaient dans ses eaux salées et s’enveloppaient de sa légendaire boue noire pour guérir les articulations. Oroumieh, appelé la version iranienne de la Mer Morte, s’est transformé en des étendues de boue asséchées par le soleil et ne contient plus que 5 % de l’eau qu’il contenait il y a tout juste 20 ans.

 En trois décennies, affirment les experts, une combinaison toxique de pratiques d’irrigation effrénée et la construction de barrages sur les affluents, ont accéléré son déclin. Mais son assèchement est principalement dû au forage d’un grand nombre de puits et à la construction de barrages. On compte 24 000 puits forés par les agriculteurs et 72 barrages construits par les autorités. Par ailleurs, les écologistes avertissent que les sels toxiques provenant des rives desséchées du lac Oroumieh risquent de souiller durablement les terres agricoles des environs.

 En effet, cette politique irréfléchie des autorités s’est retournée contre les agriculteurs et la population locale: les champs cultivés des alentours du lac mais aussi ceux de tout l’ouest du pays sont envahis de poussière saline causée par les tempêtes de sel provenant de ce lac. Les villes de la région sont aussi touchées par cette poussière et de nombreuses maladies respiratoires commencent à être diagnostiquées parmi les populations avoisinantes.

 

 Le lac Hamoun

Un lac d’eau douce situé au sud-est de l’Iran, Hamoun est le troisième grand lac iranien. Peu profond, Hamoun a une superficie d’à peu près 500 kilomètres carrés dont une partie est en territoire afghan. Avant qu’il ne s’assèche, il jouait un rôle vital dans la vie des habitants de la province du Sistan et Baloutchistan. Elle hébergeait plus de 100 espèces d’oiseau et fut un abri pour 1 million d’oiseaux aquatiques migrateur, notamment des canards, des flamants roses, des hérons, des pélicans et des oiseaux de rivage.

 La faune a été flétrie par la chaleur. Une pêche florissante avec une prise d’environ 12 000 tonnes a été anéantie et quelques 15 000 pêcheurs ont perdu leur travail. Les femmes utilisant ces vastes champs de roseaux pour la fabrication d’objets artisanaux n’ont plus de ressources. Les oiseaux migrateurs ne s’arrêtent plus par manque de refuge et les éleveurs de 120 000 bovins qui pâturaient naguère sur 70 000 hectares ont dû quitter leur région. 800 villages ont été victimes de l’avancement des sables mouvants apparus à la suite de cet assèchement, selon les médias iraniens.

 Le Hamoun est surtout menacé par les digues et projets d’irrigation des cours d’eau qui l’alimentent, essentiellement dans le bassin de l’Hirmand. Suite au détournement de grandes quantités d’eau, le débit amené par la rivière Hirmand est devenu moins abondant. Des parties de zone humide ont été endommagées par la coupe abusive de roseaux et une pâture excessive. La vie sauvage est également largement perturbée et agressée par la pêche et la chasse. Le 9 mai 2014, un député iranien a révélé que «l’assèchement du Lac Hamoun et de la rivière Hirmand a fait disparaitre un nombre important de poisson. «La mort, le mois dernier, d’un million de poissons n’a pas ému outre mesure des autorités et notre province est une fois de plus témoin de la disparition de ses poissons et de sa vie aquatique. »

 

Les lacs de la légendaire province Fars

Le lac Bakhtegan est un lac salé de la province de Fars, au sud de l’Iran, où est situé Perspolis, la légendaire cité de l’empire perse. Avec une superficie de 3500 km2, Bakhtegan est le deuxième plus grand lac du pays. Aujourd’hui il se meurt en raison de l’absence d’initiatives pour sa sauvegarde.

 Plusieurs barrages effectués sur la rivière Kor ont réduit significativement l’apport d’eau au lac. En conséquence, sa salinité augmente et met en danger certains oiseaux du lac tels les flamants et autres oiseaux migrateurs.

 Trois autres lacs de cette province, les lacs Maharloo, Tashk et Kâftar sont également en train de mourir. 117 000 hectares de terres auparavant recouvertes de lacs dans cette province ont disparu et se sont transformés en champs de sel générateurs de poussière saline. Selon les spécialistes, la construction irréfléchie de barrages sur la rivière Pulvar est la principale cause de cet assèchement.

 

 Karoun le bien-aimé

Karoun, « le bien-aimé » dont on chante la gloire dans le folklore de générations successives des habitants de la région, s’est dangereusement asséché ces dernières années. Une chaîne humaine s’est récemment formée sur la rive de Karoun, le plus grand fleuve d’Iran. Un manifestant a déploré que la profondeur du Karoun a atteint un mètre à certains endroits et la baisse du débit a causé des problèmes sanitaires pour la population.

 Le porte-parole d’une ONG de défense de l’environnement au Khouzistan (province du sud) a confié que « l’assèchement du Karoun est devenu une catastrophe pour l’environnement qui s’explique par un grand nombre de barrages ». Une soixantaine de journalistes et de responsables locaux ont publié une déclaration demandant l’arrêt du projet de transfert des eaux vers d’autres régions.

 

 Une déforestation effrénée

Une attention insuffisante aux forêts, aux parcs et aux espaces verts, le pillage et la destruction des forêts par des bandes affiliées au pouvoir, sont d’autres aspects de la négligence endémique du pouvoir politique envers l’environnement. A cela il faut ajouter les mesures prises par les gardiens de la révolution qui détruisent les forêts et les espaces verts pour la construction de bases militaires.

 À cet égard, de vastes prairies, en particulier au Kurdistan, à Kermanchah et au Lorestan ont été détruites pour des raisons de «sécurité». Dans la province de Lorestan, 35 000 hectares de forêts de châtaigniers ont ainsi été détruits. A Téhéran, 10 % à 12 % des zones les plus haut de gamme (environ 72 km carrés) ont été affectés à des bases des pasdaran. La base Ghadir à Qa’en construite sur un terrain forestier de 600 hectares, la base Khomeiny construite sur 145 hectares à Khoy en 2008 par l’armée des pasdaran, la nouvelle base de la 77e division construite sur 1000 hectares à Machad, l’affectation de 1300 hectares à Takhteh Ardakan pour une base de l’armée, sont une partie des installations militaires construites au prix de la destruction des espaces verts et des forêts du pays.

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