AFP: Une action judiciaire a été lancée contre l’agence d’information Reuters à Téhéran après un reportage video sur des Iraniennes pratiquant les arts martiaux, a indiqué, lundi 21 mai un responsable iranien.
Les activités de l’agence de presse sont suspendues en Iran depuis le mois de mars, et aucune décision sur la réouverture du bureau ne sera prise avant « le jugement du tribunal concernant la directrice du bureau », Parisa Hafezi, a déclaré le directeur du département de la presse étrangère du ministère de la culture, cité par l’agence d’information officielle IRNA.
Mohammad Javad Aghajari a précisé que Mme Hafezi avait déjà été entendue à deux reprises par un juge à la suite d’une plainte déposée par un club d’arts martiaux féminin après la diffusion d’un reportage vidéo de Reuters jugé diffamatoire. Ce reportage, diffusé au début de février, montrait des femmes suivant un entraînement de « ninjas » dans la ville de Karaj, proche de Téhéran, avec comme titre : « Des milliers de femmes ninjas s’entraînent pour devenir les assassins de l’Iran. »
RETRAIT DE TOUTES LES ACCRÉDITATIONS
Reuters avait changé ce titre plusieurs jours plus tard après des protestations de Téhéran, et a ensuite présenté des excuses. Mais les autorités iraniennes ont retiré peu après leur accréditation à tous les journalistes de l’agence à Téhéran.
M. Aghajari n’a pas précisé pour quels motifs Mme Hafezi était poursuivie, ni quand et devant quelle juridiction le procès aurait lieu. Selon une source proche du dossier, la directrice de Reuters, qui s’est vu retirer son passeport, pourrait être poursuivie notamment pour « propagande contre le régime » et « diffusion de fausses nouvelles ». Les médias iraniens ont évoqué des « poursuites » sans autre précision.
Mme Hafezi n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Mais la direction de Reuters a publié dimanche un communiqué condamnant l’interdiction de voyager à l’étranger imposée à la directrice de son bureau. Elle a également affirmé que Mme Hafezi « ne devrait faire l’objet d’aucune mise en accusation » pour cette affaire dans laquelle elle n’a « aucune responsabilité », les activités vidéo de Reuters étant indépendantes de la rédaction de l’agence.