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Pour l’Iranienne Maryam, peu d’espoir après l’ère Ahmadinejad – Reportage

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TÉHÉRAN, AFP : Par Mitra AMIRI –  « Parfois, j’ai mal rien qu’en pensant à l’avenir, alors je me vide la tête en faisant mes manteaux », commente Maryam, une couturière de Téhéran dont le niveau de vie est atteint de plein fouet par la crise économique qui frappe l’Iran depuis l’entrée en vigueur des sanctions internationales.

Cette veuve âgée de 55 ans doit subvenir aux besoins de ses quatre enfants depuis la mort de son mari lors de la guerre Iran-Irak (1980-88). Avec sa fille Sara, 30 ans, elle fabrique des longues vestes qui recouvrent la majeure partie du corps, approuvées par le code vestimentaire islamique. Elles travaillent à domicile, dans un modeste appartement de l’ouest de Téhéran.

L’un de ses trois fils, Saman, 34 ans, a un diplôme d’ingénieur mais vit de petits contrats. Un autre, Soheil, 38 ans, est revenu vivre à la maison après son divorce.

Jusqu’à ces dernières années, Maryam pouvait vivre décemment grâce aux 310 euros de l’allocation gouvernementale pour les familles des « martyrs » de la guerre. Mais depuis l’année dernière, l’entrée en vigueur de sanctions renforcées américaines et européennes ont fait exploser les prix et elle doit trouver de nouvelles sources de revenus.

« Avant, je pouvais m’accorder certains luxes, comme des voyages en province. Nous pouvions économiser, changer de voiture. Mais maintenant c’est fini », explique-t-elle à l’AFP en blâmant les promesses non tenues des responsables politiques.

La monnaie iranienne, le rial, a perdu près de 80% de sa valeur depuis début 2012, quand les Etats-Unis et l’Union européenne ont décrété un embargo pétrolier et financier contre l’Iran, pour tenter de faire fléchir Téhéran sur son programme nucléaire controversé.

La dévaluation et les difficultés pour le gouvernement à rapatrier ses petrodollars ont fait exploser l’inflation, à plus de 30% officiellement.

Les médicaments des laboratoires européens, pourtant pas concernés par les sanctions, ont été des victimes collatérales de la crise.

« Nettoyer ce bazar »

« La vie est de plus en plus dure, je voudrais avoir un emploi mieux payé pour alléger un peu le fardeau qui pèse sur les épaules de ma mère », dit Sara, qui souffre de sclérose en plaque. Le prix de son traitement a quadruplé depuis un an et absorbe désormais une grande partie des revenus de la famille. Elle ne peut pas se tourner vers des médicaments locaux qui « n’existent pas ou ne sont pas efficaces », explique-t-elle.

Les candidats à l’élection présidentielle de vendredi ont promis de faire de l’économie leur priorité mais pour Maryam, le reprise n’est pas pour demain.

Certains Iraniens ont critiqué la « mauvaise gestion » du gouvernement sous le double mandat de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) qui a aggravé la crise en faisant notamment augmenter le taux de chômage, officiellement de 12,2% en avril.

« Il faut un meilleur président qui offre des meilleures solutions économiques, et plus pratiques », affirme Saman, qui se dit indifférent à la politique nucléaire du pouvoir, à l’origine des sanctions internationales.

« Mais je sais qu’il faudra beaucoup de temps pour nettoyer ce bazar et revenir à la situation d’avant » 2005, dit-il. Titulaire d’un Master d’ingénieur des Mines, il vit de contrats courts avec la municipalité de Téhéran ou des sociétés privées.

Il envie ses amis, plus fortunés que lui, « qui ont pu aller à l’étranger poursuivre leurs études alors que je sue sang et eau pour aider ma famille ».

En juin 2009, Saman avait voté Ahmadinejad. Sa réélection dès le premier tour avait été contestée par les deux candidats réformateurs qui avaient dénoncé des fraudes massives et appelé leurs partisans à manifester. Le mouvement, qualifié de « sédition » par le pouvoir, avait été sévèrement réprimé.

Aujourd’hui, l’ingénieur regrette son choix. « Sa mauvaise politique économique, alors que les sanctions étaient en place n’ont fait que rendre notre vie plus difficile », explique-t-il. Le gouvernement a décidé fin 2010 de remplacer les subventions sur l’énergie par des allocations directes aux ménages. Mais ces allocations ne couvrent pas la hausse de l’inflation, et la libéralisation a fait grimper les prix, notamment ceux du carburant.

Vendredi, il votera, mais refuse de dire pour qui.

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