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Crise économique en Iran: la « mauvaise gestion » d’Ahmadinejad en question

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TÉHÉRAN, AFP: La crise économique est davantage due à la « mauvaise gestion » qu’aux sanctions internationales, estiment plusieurs candidats à la présidentielle iranienne accusant le président sortant Mahmoud Ahmadinejad d’avoir dilapidé en huit ans la manne pétrolière dans des mesures et projets inefficaces.

« Les sanctions sont seulement responsables de 30% de l’inflation, pour les 70% restants c’est la mauvaise gestion du pays qui est en cause », a déclaré Mohsen Rezaï, l’un des cinq candidats conservateurs au scrutin du 14 juin.

L’actuel maire conservateur de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, abonde dans le même sens. « Je ne dis pas que les sanctions n’ont pas créé de problème (…) Mais elles ne sont pas la cause de la situation actuelle, due à la mauvaise gestion du gouvernement qui ne permet pas d’utiliser les capacités énormes du pays », a-t-il déclaré.

Ils faisaient référence à différents projets du gouvernement notamment la priorité donnée aux petites entreprises, les logements sociaux construits un peu partout dans le pays ou encore la manière dont la loi sur la suppression des subventions a été appliquée.

A chaque débat télévisé, la plupart des candidats (cinq conservateurs, deux modérés et un réformateur, avant le retrait de deux d’entre eux) ont tiré à boulets rouges sur le gouvernement.

Seuls Saïd Jalili, chef des négociateurs nucléaires, et le conservateur Gholam-Ali Hadad-Adel, qui s’est depuis retiré de la bataille, n’ont pas voulu « noircir le tableau », reprenant la formule du guide suprême iranien.

L’ayatollah Ali Khamenei a affirmé qu’il fallait prendre en compte ce qui a été fait non seulement sous le président Ahmadinejad (conservateur) mais aussi ses prédécesseurs Mohammad Khatami (réformateur) et Akbar Hachemi Rafsandjani (modéré).

« Jamais un président n’a eu autant de pétrodollars », a affirmé le réformateur Mohammad Reza Aref qui a annoncé son désistement mardi.

Selon lui, l’Iran a eu 630 milliards de dollars de rentrées pétrolières sous la présidence de M. Ahmadinejad (2005-2013) contre seulement 173 milliards sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005).

Démagogie

Le gouvernement a réagi par la voix du ministre de l’Économie, Shamseddine Hosseini. « Ceux qui disent que les sanctions ne sont pas chose nouvelle depuis 30 ans se trompent. Quand, depuis 1979, avons-nous fait face à de telles sanctions? Même durant la guerre Iran-Irak (1980-88) elles n’étaient pas aussi dures », a-t-il déclaré.

Citant les sanctions contre les exportations pétrolières, de produits pétrochimiques et raffinés, les sanctions contre la Banque centrale, les assurances ou encore le transport maritime, il a indiqué que l’Iran avait perdu « 50% de ses revenus pétroliers » l’année dernière par rapport à l’année précédente.

Les candidats, « lorsqu’ils font des promesses doivent savoir que cette situation ne va pas changer dans un avenir proche », a-t-il ajouté.

« Certains candidats, au lieu de présenter leur programme, se contentent de dresser un tableau noir et faire de la démagogie », a réagi un autre membre du gouvernement.

Le président Ahmadinejad a défendu son bilan: « Durant mes gouvernements, 30 projets stratégiques, notamment l’envoi dans l’espace d’un satellite ou les progrès dans le programme nucléaire, ont été réalisés ».

De fait, la situation économique n’a cessé de se dégrader depuis début 2012 et les sanctions économiques occidentales. L’inflation dépasse officiellement les 30% et la valeur de la monnaie nationale s’est dépréciée de près de 80% en un an et demi.

« En raison des sanctions bancaires, nous avons du mal à rapatrier nos pétrodollars » d’Inde, de Chine ou de Turquie, a également reconnu M. Hosseini.

Tout en accusant le gouvernement de « mauvaise gestion », la plupart des candidats sont restés prudents sur une amélioration rapide de la situation.

Ainsi M. Ghalibaf a affirmé que s’il était élu président, il lui faudrait deux ans pour contrôler l’inflation et apporter un peu de sérénité à l’économie.

« La majorité des Iraniens, selon les sondages, pensent que la priorité est de régler la situation internationale de l’Iran et la levée de sanctions », souligne le candidat conservateur Ali Akbar Velayati.

« Il faut donc que des gens compétents en la matière prennent les rênes du pays », a ajouté cet ex-ministre des Affaires étrangères visiblement persuadé que la crise économique est due aux sanctions.
Par Siavosh GHAZI

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