AFP, 13 décembre 2008 – L’Iran a évité un forum sur la sécurité régionale organisé à Bahreïn où il a été critiqué par le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui a souhaité un changement de politique de Téhéran soupçonné de cacher un volet militaire derrière son programme nucléaire.
Une délégation iranienne annoncée pour participer au "Dialogue de Manama", n’est finalement pas venue, a indiqué samedi l’un des organisateurs.
La délégation devait être composée d’un député, Kazem Jalali, membre de la Commission des relations étrangères du Majlis (Parlement iranien) et de deux diplomates, selon l’Institut international des études stratégiques (IISS), qui organise la conférence de trois jours avec les autorités de Bahreïn.
Avant l’intervention prévue de M. Jalali en milieu de journée, le directeur général de l’IISS, John Chipman a annoncé que les Iraniens n’étaient pas là.
Il a dit n’avoir pas d’explication à cette absence de dernière minute, ajoutant avoir pourtant reçu lors d’une visite effectuée récemment à Téhéran un accord en vue de la participation de trois officiels iraniens à la cinquième session du "Dialogue de Manama".
Mais bien qu’absent, l’Iran était au centre du débat et des interventions dont celles du hôte de marque du forum, Robert Gates, qui incarne une certaine continuité de la politique américaine à l’égard du régime de Téhéran.
M. Gates a été reconduit en effet dans ses fonctions par le président élu, Barack Obama, et il n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a évoqué l’Iran dans le contexte de la sécurité de la région.
Il a souhaité ainsi un changement de politique de l’Iran, soupçonné par les Occidentaux de cacher un volet militaire derrière son programme nucléaire.
"Personne ne veut un changement de régime en Iran", a-t-il affirmé. "Ce que nous voulons c’est un changement de politique et un changement de comportement afin que l’Iran devienne un bon voisin des peuples de la région plutôt qu’une source d’instabilité et de violence", a-t-il ajouté.
Les pays arabes de la région, alliés de Washington, n’ont pas été aussi explicites sur les menaces potentielles de l’Iran en dépit d’une profonde inquiétude provoquée par le programme nucléaire de leur voisin.
Dans son intervention samedi devant le forum, le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh a tenu à ménager Téhéran que Washington accuse aussi de vouloir déstabiliser son voisin.
Il a déclaré à ce propos que Bagdad traitait "au jour le jour" avec les autorités iraniennes à propos des questions de sécurité, disant que seul le dialogue peut aider à résoudre les problèmes.
Mais il a aussi averti à l’intention de l’Iran et des autres voisins de son pays, que "la région ne connaîtra la paix que si l’Irak est finalement et définitivement en paix et faisant partie intégrante" du Moyen-Orient.
A l’ouverture du forum vendredi soir, le chef de la diplomatie de Bahreïn, dont le pays plaide aussi pour le dialogue, a relancé son idée d’intégrer l’Iran dans un ensemble régional comprenant tous les pays "sans exception" pour régler les problèmes communs.
Début octobre, cheikh Khaled ben Ahmad al-Khalifa avait avancé cette idée en disant penser à inclure Israël et l’Iran, provoquant un refus de Téhéran, ennemi juré de l’Etat hébreu, et des réactions hostiles de l’opposition bahreïnie.
Selon lui, les membres de cette organisation n’auront pas nécessairement à s’apprécier ou même à avoir des relations diplomatiques mais devront s’"asseoir ensemble" pour résoudre leurs différends.
Parmi les voisins de Bahreïn, les Emirats arabes unis déplorent ce qu’ils considèrent comme un refus de l’Iran de régler un différend frontalier concernant trois îles du sud du Golfe sous contrôle iranien depuis 1971.