Iran Focus – Le Grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a critiqué mercredi les dirigeants du pays pour la mort de manifestants en prison, dans une lettre adressée à trois dirigeants de l’opposition.
"Ceux qui sont en prison sont forcés de faire des aveux sous la torture et chaque jour un corps est remis à sa famille", a écrit M. Montazeri dans une lettre en réponse aux dirigeants de l’opposition.
Les candidats malheureux à la présidentielle du 12 juin, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ainsi que l’ancien président Mohammad Khatami avaient demandé aux dignitaires religieux de la ville sainte de Qom, dont fait partie M. Montazeri, d’intervenir pour condamner la "répression" menée contre les personnes arrêtées lors des troubles ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.
La presse a fait état ces derniers jours de la mort de quatre manifestants en prison. Les autorités ont affirmé que deux d’entre eux étaient décédés des suites d’une méningite.
Dans cette lettre au ton particulièrement dur, l’ancien successeur désigné de l’imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, qui avait finalement été écarté du pouvoir, a interpellé les autorités: "Quel crime ont-ils commis, si ce n’est protester pacifiquement contre les irrégularités massives et la fraude lors des élections?", a écrit M. Montazeri.
"Est-ce que la création des Gardiens de la révolution et de la milice islamique (bassidj) avait pour but de tuer ses propres frères et d’opprimer les gens?".
Se disant "très inquiet", il a demandé aux responsables d’avoir recours à "la raison et la loi islamique avant que cette crise n’empire".
Cent quarante manifestants ont été libérés mardi mais 200 autres restent détenus.
Le procureur général du pays, Ghorbanali Dori-Najafabadi, a déclaré mercredi qu’ils seraient libérés pour la plupart d’ici vendredi.
Le mois dernier, L’ayatollah Montazeri avait appelé dans un geste sans précédent à la destitution dAli Khamenei, le guide suprême du régime.
Qualifié " d’historique ", le fatwa de lAyatollah Montazeri a expliqué, dans une allusion à la répression des manifestants, que la torture " est un péché sur le plan religieux et un crime sur le plan juridique. Le peuple courageux d’Iran sait bien comment sont obtenus les aveux télévisés de ses fils emprisonnés. " Le dauphin déchu de Khomeiny a qualifié la façon dont est " guidé " le pays de " tyrannique " avant de conclure par une fatwa (décret religieux) : " N’ayez pas peur (…) Chaque bon musulman a le devoir de s’opposer à l’injustice de ceux qui bafouent ses droits. "