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Iran : Qui était Montazeri ?

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Iran Focus: Pendant les dix premières années du régime iranien, l’ayatollah Montazeri a été nommé successeur de Khomeiny, fondateur et dirigeant du régime. Au lendemain de l’élection frauduleuse, dans un geste sans précédent,  il a appelé à la destitution d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime.

Il en a été déchu par Khomeiny en mars 1989 pour avoir protesté contre le massacre des opposants, notamment les Moudjahidine du peuple (OMPI). Dans ce massacre quelque 30.000 prisonniers politiques avaient été exécutés en l’espace de quelques semaines.

Peu de jours après le début du massacre des prisonniers politiques à la fin de juillet 1988, il a écrit à Khomeiny le 31 juillet en disant : « L’exécution de plusieurs milliers de personnes en quelques jours ne sera pas accepté avec plaisir (…) Si vous insistez sur votre ordre, au moins épargnez les femmes, en particulier les femmes avec enfants ».

Dans une lettre adressée le 15 août 1988, il avait écrit : «Ces massacres sans procès, en particulier lorsque les victimes sont des prisonniers, finiront à coup sûr en sa faveur (l’OMPI) sur le long terme … C’est une erreur d’affronter les idées et les idéologies par le meurtre … Les Moudjahidine du Peuple n’est pas un groupe d’individus, elle représente une idéologie et une vision du monde. Elle a une logique. Il faut une bonne logique pour répondre à une logique erronée. Vous ne pouvez pas corriger l’erreur en tuant, vous ne faites que la répandre. » Dans une autre lettre à Khomeiny il a protesté contre le «viol de jeunes filles vierges dans les prisons».

Après son licenciement, l’ayatollah Montazeri a été constamment soumis à des pressions du régime iranien et il a vécu à Qom en résidence surveillée sous des restrictions sévères. Suite à l’escalade du soulèvement national du peuple iranien, Montazeri a demandé dans un décret la révocation de Khamenei et averti que Khamenei devait tirer une leçon du sort de la dictature du chah.

Pendant les derniers mois de sa vie, Montazeri a annoncé que comme «l’un des fondateurs de Velayat-e-Faqih » (le régime du guide suprême) j’ai honte de moi et devant Dieu Tout-Puissant, je vois le blâme pour le sang versé de nos chers martyrs et pour les violations des droits des innocents ».

Le 14 juillet 2009,  dans un geste sans précédent,  l’ayatollah Montazeri a appelé à la destitution d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime.

Qualifié " d’historique ", le fatwa de l’Ayatollah Montazeri  expliquait, dans une allusion à la répression des manifestants, que la torture " est un péché sur le plan religieux et un crime sur le plan juridique. Le peuple courageux d’Iran sait bien comment sont obtenus les aveux télévisés de ses fils emprisonnés. "

 Le dauphin déchu de Khomeiny a qualifié la façon dont est  « guidé »  le pays de « tyrannique » avant de conclure par une fatwa (décret religieux) : " N’ayez pas peur (…) Chaque bon musulman a le devoir de s’opposer à l’injustice de ceux qui bafouent ses droits. "

Dans ce texte, le choix des mots était significatif. L’Ayatollah Montazeri a employé l’expression " jaer " (despote usurpateur) pour qualifier la gestion du Guide suprême.

Voici des extraits du fatwa : 

« Les responsables qui ont perdu d’un point de vue religieux et rationnel l’autorité et la garde des affaires sociales sont automatiquement démis de leurs fonctions. Leur autorité n’a plus aucune légitimité. Et s’ils se maintiennent à leur poste par la contrainte, la tromperie ou la fraude, le peuple doit dire qu’ils sont illégitimes et manque de crédibilité et doit exiger leur révocation par les méthodes les plus efficaces et les moins coûteuses.

De toute évidence, c’est un devoir pour tous les peuples qui incombe à chacun dans la société, élites comme laïcs, en fonction de leurs connaissances et leurs aptitudes. Nul ne peut déroger à cette responsabilité sous aucun prétexte.

Les élites de la société sont plus conscientes de la religion et de la loi, plus aptes et exercent plus d’influence. En tant que telles, elles ont un mandat plus lourd. Grâce à l’unité, l’unité d’esprit et la mise en place de partis et d’organisations ainsi que des réunions privées et publiques, ils doivent en informer les autres et leur présenter une solution.

La religion, la logique et les érudits dans le monde condamnent et considèrent comme sans valeur un gouvernement fondé sur la coercition, l’oppression et l’agression contre les droits des autres personnes. Un gouvernement qui a usurpé et manipulé les voix du peuple, tué, arrêté, détenu et appliqué des tortures médiévales et staliniennes. Un gouvernement qui réprime, censure les journaux, perturbe les communications et emprisonne l’élite de la société sur de fausses accusations et les oblige à faire de fausses confessions, en particulier en prison.

Selon des récits crédibles de la famille du Prophète et de ses descendants directs, obtenir des aveux en prison n’a absolument aucune légitimité juridique et religieuse et ne peuvent servir de base à une condamnation.

Le peuple vaillant d’Iran est pleinement conscient de la réalité de ces aveux, qui rappellent des exemples des régimes fascistes et communistes. Il est notoire que ces aveux et ces interviews télévisées fabriquées ont été obtenus par la force, la torture et les menaces dans le but de dissimuler des cas d’oppression et d’injustice.

Ce qui commandent, commettent et aident à obtenir ces aveux et ces fausses interviews sont pécheurs et coupables. D’un point de vue religieux et juridique, ils méritent d’être punis. 

Le Chah a entendu trop tard venir la révolution du peuple iranien. Il est à espérer que les fonctionnaires en charge ne vont pas laisser la situation arriver à ce point et faire preuve de souplesse vis-à-vis des exigences de leurs propres citoyens au plus vite. Plus tôt nous pourrons exercer un meilleur contrôle des dommages, mieux ce sera.

Chacun se doit de comprendre l’opposition délibérée des dirigeants à la religion et la loi. D’autres doivent aussi en être informés. Chacun a une responsabilité face à l’injustice et la violation des droits du peuple selon sa propre conscience et capacité. On ne peut pas penser que quelqu’un puisse croire en la justice et ne pas prendre de mesures pour la mettre en œuvre ou ait peur ou attende sous prétexte de ne pas avoir assez de pouvoir. Craindre l’homme revient à commettre le grand péché de dualité. »

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