Iran Focus, Téhéran, 13 juin Une heure après lannonce par lagence de presse officielle iranienne dune seconde explosion à Téhéran, des témoins oculaires rapportaient que la déflagration près de la place Vali-Asr de la capitale semblait être un incendie accidentel dans le sous-sol dun magasin délectronique.
Un rapport du chef de la police locale semble confirmer des soupçons comme quoi des mains mystérieuses voudraient faire passer lincident pour la suite de la série dexplosions qui ont eu lieu à Téhéran et dans la ville provinciale dAhwaz, qui ont fait huit morts en une seule journée et blessé 75 autres personnes, selon des chiffres officiels.
« Lincendie dans la boutique délectronique nest pas le résultat dune explosion », a déclaré le colonel Khancherli de la police de Téhéran à lagence de presse ISNA.
Quatre bombes ont explosé à Ahwaz, capitale de la province du Khouzistan, où se trouve la plus grande partie des réserves pétrolières iraniennes.
Quelques heures plus tard, une bombe sur la place Imam Hossein à Téhéran tuait une personne et en blessait cinq. Lengin avait été caché dans une poubelle.
Les explosions à Ahwaz ont été revendiquées par un groupe inconnu se faisant appeler les Brigades des martyrs révolutionnaires Ahwazi.
Après les explosions, 150 personnes se sont rassemblées devant le gouvernorat dans une manifestation organisée par les autorités. Elles agitaient des drapeaux iraniens et criait « A bas les hypocrites » – un terme utilisé pour désigné le groupe dopposition, les Moudjahidine du peuple dIran (OMPI).
Interrogé pour savoir si les lOMPI était responsable des explosions à Ahwaz, Ali Agha-Mohammadi, porte-parole du gouvernement en matière de sécurité, avait affirmé en début de journée : « Nous ne les accusons pas pour le moment ».
Mais la version officielle des événements semble avoir changé dans la soirée, quand Agha-Mohammadi a fait savoir à la presse que certains attentats « peuvent être le fait de gens appartenant à (lOMPI). »
Dans des communiqués adressés aux agences de presse internationales, lOMPI a vigoureusement démenti toute implication dans les explosions dAhwaz et de Téhéran.
« Cela donne simplement la mesure du désespoir des mollahs face à ce qui sannonce comme un solide boycott de leur mascarade électorale du 17 juin, et cest pour cela quils accusent faussement les Moudjahidine de ces explosions », a déclaré dans une interview téléphonique Chahine Ghobadi, un porte-parole de la coalition du Conseil national de la résistance iranienne, dont fait partie lOMPI.
Lempressement du régime pour faire porter la responsabilité des explosions à lOMPI et à dautres groupes de lopposition qui appellent au boycott des élections donne de la crédibilité aux affirmations des exilés.
Plus tard dans la journée, Agha-Mohammadi a lié les attentats aux appels grandissant à un boycott national du scrutin et accusé les groupes dopposition qui font campagne pour le boycott. Il a également insinué que des éléments infiltrés étaient venus de parties de lIrak voisin qui sont sous contrôle américain et britannique.
« Sur la base dinformations que nous avons reçues, un réseau essayaient de créer des problèmes avant lélection », a-t-il dit.
Agha-Mohammadi a avancé que certains agents infiltrés appartenaient à lOMPI, une allégation vigoureusement démentie par le groupe dopposition.
Les spécialistes de lIran ont réagi avec beaucoup de scepticisme aux allégations de Agha-Mohammadi. « Elles ne portent pas les empreintes de lOMPI » a estimé Mustafa Akmal, un expert du Moyen-Orient basé à Cologne, interrogé au téléphone.
« LOMPI na lancé aucune action violente ces quatre dernières années », a-t-il précisé. « Même avant de cesser ses activités en Iran, elle avait pour politique de revendiquer la responsabilité de toutes ses opérations. »
Walter Murray du groupe danalyse londonien Gulf Intelligence Monitor approuve le point de vue dAkmal.
« Ces gens sont engagés dans une stratégie de pression politique et de propagande contre Téhéran, et ils essaient en même temps de gagner le soutien de loccident », a-t-il ajouté. « Ce serait absurde de leur part de détruire tout cela avec quelques bombes sans objectif. Cela ressemble plus à une opération des services secrets iraniens, ou au travail de quelques aventuristes de lénorme complexe militaro-sécuritaire de lIran. »