Washington Times, 18 novembre Par Sharon Behn La découverte dune salle secrète de torture du ministère irakien de lIntérieur confirme ce qui était un secret de polichinelle à Bagdad depuis plusieurs mois : des milices pro-iraniennes ont infiltré le ministère et font la loi.
Les Irakiens ont rapporté avoir vu des hommes en uniformes du ministère de lIntérieur et des véhicules aux sites des tueries extrajudiciaire de sunnites, et au moins un journaliste a été averti de ne pas laisser le ministère connaître ses déplacements de peur dêtre kidnappé.
Il est fort probable que le ministère soit infiltré par des réseaux criminels liés aux insurgés.
Les civils et la police de Bagdad connaissent lexistence de centres de détention dirigés par le ministère, mais ils ont trop peur des représailles pour dire quoi que ce soit, a déclaré un officier de police hier.
« Jai plus peur du ministère de lIntérieur que des insurgés», a dit ce jeune policier, avec qui on est entré en contact par téléphone à Bagdad et qui a parlé strictement sous couvert danonymat.
Les forces américaines ont lancé un raid au centre de détention du ministère de lIntérieur situé dans le centre de Bagdad, dans le quartier Jadriyah dimanche, découvrant 160 prisonniers mal nourris, plusieurs portant des signes de torture. La plupart dentre eux étaient des sunnites.
A la question concernant lexistence dautres prisons du même type à Bagdad, le policier effrayé a déclaré que « cest un sujet très sensible et qui causerait beaucoup de problèmes » sil en parlait.
Le ministère de lIntérieur est dirigé par Bayan Jabr, un membre pro iranien de lAssemblée suprême shiite pour la révolution islamique en Irak. La branche armée de ce parti, la brigade Badr, a été accusée de diriger des escadrons de la mort anti-sunnites en dehors du ministère.
Les avocats de Saddam Hussein, par exemple, ont accusé les forces de sécurité du ministère davoir tué le mois dernier lavocat de défense, Saadoun Sughaiyer al-Janabi. Le ministère a nié tout lien avec lassassinat.
Les témoins du meurtre ont dit quune dizaine dhommes en costume cravate se sont identifiés comme des responsables du ministère de lintérieur quand ils sont entrés de force dans le bureau de M. al-Janabi à Bagdad et lont kidnappé. Son corps a été retrouvé dans la rue quelques heures plus tard.
M. Jabr a dit que les rapports sur la torture dans le centre de détention avaient été exagérés et que les prisonniers étaient suspectés davoir participé dans une insurrection sunnite qui tue et blesse fréquemment les civils et les forces de sécurité.
« Je rejette la torture, et je punirai ceux qui lexercent», a-t-il dit lors dune conférence hier. « Personne na été décapité, personne na été tué ».
M. Jabr a ajouté que « ceux qui soutiennent le terrorisme sont en train « dexagérer » sur la torture et que seulement sept détenus portaient des signes de violence.
Néanmoins, lambassade des Etats-Unis à Bagdad a publié un communiqué très virulent sur cet incident, disant que le gouvernement « a assuré quil prendrait des mesures immédiates pour enquêter et prendre des mesures nécessaires pour sassurer quaucun détenus du ministère de lintérieur ne seraient sujets à des abus nulle part en Irak. »
Lambassade a aussi dit, « il ne doit pas y avoir de contrôle ou de direction sectaire ou de milice des forces de sécurité irakiennes, des facilités ou des ministères ».
Les abus contre les prisonniers ne seront pas tolérés de la part du gouvernement irakien, ni des forces de la coalition, précise le communiqué. Le général Rick Lynch a annoncé hier que cinq soldats américains avaient été accusés de frapper des détenus irakiens la semaine dernière et quils étaient en attente dêtre jugés.
Un Irakien a décrit à Reuters comment il a été torturé avec des centaines dautres détenus dans un bâtiment du ministère de lIntérieur, similaire au bunker découvert cette semaine.
« Ils avaient des listes de personnes et des listes daccusations, et ils torturaient des gens pour obtenir des aveux, » a dit ce sunnite, qui voulait être identifié seulement par les initiales H.H.
« Je nai pas été torturé aussi violemment que les autres. Jai été suspendu au mur par un crochet avec les mains attachées derrière le dos pendant trois jours, ils me disaient de confesser davoir tué des chiites », a-t-il dit.
Il a déclaré à Reuters que les prisonniers étaient sous le contrôle des forces spéciales du ministère de lintérieur connu sous le nom de la Brigade des Loups.
Des analystes américains ayant une expérience en Irak, ont dit que les Irakiens ordinaires se sont plaints des tactiques extrajudiciaires du ministère de lIntérieur.
« Les Irakiens me disaient que vous deviez vous méfier des commandos spéciaux de la police et que cétaient des Badr – cest ce que mont dit les shiites et les sunnites, » a dit Paul Hughes, le responsable du programme irakien à linstitut américain pour la paix et ancien colonel de larmée qui vient de rentrer de Bagdad.