Le peuple irakien est dans la rue pour faire entendre ses droits légitimes, la justice, le respect de l’Etat de droit et l’éviction du régime iranien des affaires intérieurs du pays.
Dans la nuit de dimanche à lundi, à Karbala, à 100 km au sud de Bagdad, des manifestants ont tenté d’incendier le consulat du régime iranien. « Karbala libre, Iran dehors », ont-ils écrit sur les murs de la représentation diplomatique, avant de subir la répression des forces de sécurité.
Les tirs à balles réelles ont tué quatre manifestants dans cette autre ville sainte chiite. « Ils veulent nous tuer, pas nous disperser », dénonçait un manifestant auprès de l’AFP.
En Irak, le régime iranien a habilement utilisé les divisions internes pour mettre en place des milices inféodées pour protéger les intérêts du guide suprême iranien. L’ombre des gardiens de la révolution iraniens, pasdaran, est lourde dans le pays où ils tentent de maîtriser les manifestations populaires par la répression.
En Irak, la contre-attaque est brutale. Les agents de Téhéran ont largement contribué à ce que la première vague de manifestations se soit terminée par un bain de sang début octobre. Les manifestants ont été frappés par des tirs précis dans la poitrine ou la tête. Des témoins oculaires ont raconté comment des ambulances avaient été prises pour cible. Des nervis ont pris d’assaut les maisons des principaux manifestants. Depuis le 1er octobre, la répression a tué près de 300 personnes. Elle se durcit encore. Pour la première fois lundi, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants à Bagdad, en tuant cinq au moins, selon Reuters.
#BREAKING
Nov 4 – Nasiriyah, southern #Iraq
Massive crowd continuing their demonstrations against the #Iran-backed government in Baghdad.#IranOutOfIraq pic.twitter.com/IkNNngHwfC— Heshmat Alavi (@HeshmatAlavi) November 4, 2019
Un rapport du groupe de réflexion « Washington Institute for Near East Policy » montre clairement à quel point les pasdaran et les milices chiites qu’ils dirigent ont été impliqués dans les excès de la violence. Les commandants de la milice et les officiers iraniens avaient spécialement formé un état-major de crise clandestin qui organisait la répression des manifestations.
Qassem Soleimani, l’infâme commandant de la Force Qods, une division d’élite du Corps des gardiens de la révolution iraniens, a encadré les forces de Hashd al Shaabi, une milice chiite extremiste, pour réprimer les manifestants.
Un ancien député sunnite a confié au Figaro : « Même lorsque Nouri al-Maliki (premier ministre de 2006 à 2014) nous opprimait, il n’utilisait pas autant de force contre nous. Ce n’est plus Abdel-Mahdi qui gouverne, c’est l’Iran. »
Pendant ce temps, sourd aux menaces qui pèsent sur eux, les militants multiplient les appels à la désobéissance civile. Le syndicat des enseignants a décrété une grève générale dans les écoles. À Bagdad et dans le sud du pays, de nombreuses institutions étaient également fermées et les routes coupées par les manifestants, y compris autour du port d’Oum Qasr, par où arrive une part importante des importations de produits alimentaires.
La célèbre place Tahrir à Bagdad est devenue le siège d’un soulèvement visant à renverser le gouvernement inféodé à Téhéran.