The Washington Times, Bagdad, 13 décembre 2005 Par Paul Martin and Maria Cedrell Un général irakien, auparavant en charge des forces spéciales du ministère de lIntérieur, a déclaré hier quun officier supérieur des services de renseignements iraniens était responsable dun réseau de centres de détention où des insurgés présumés étaient couramment torturés et parfois tués.
Le général Montazer Jassem al-Samarraï sest confié au Washington Times au moment où le Premier ministre Ibrahim al-Jaafari annonçait quil avait étendu lenquête urgente décidée suite aux plaintes dabus et de torture dans les centres de détention du pays.
Le Premier ministre, qui a été contraint par Washington et par les dirigeants des Nations Unies de mettre fin aux abus sur des prisonniers, a promis lors dune conférence de presse une annonce publique « très rapide » des résultats de lenquête.
Le général al-Samarraï a affirmé que lofficier des services de renseignements iraniens, Tahsir Nasr Lavandi, travaille directement sous les ordres du ministre adjoint kurde, le général Hussein Kamel, et quil est connu dans le ministère sous le nom de « lingénieur ».
« Lingénieur était derrière les tortures et les meurtres commis par le ministère et il était également chargé de la prison de Jadriya », a déclaré le général al-Samarraï, qui a quitté le ministère à la suite dun conflit avec ses supérieurs et qui vit maintenant en Jordanie.
Les troupes américaines ont fait une descente au centre secret de Jadriya à la mi-novembre et ont découvert 166 détenus ; beaucoup étaient émaciés et montraient des signes évidents de torture.
Une fouille menée jeudi par les Américains dans un autre centre à Bagdad a permis de trouver 625 prisonniers entassés dans une prison surpeuplée et dans des conditions déplorables ; 13 dentre eux ont dû être hospitalisés. Lexistence de cette prison a été divulguée pour la première fois par le Washington Times samedi.
Dimanche, le Times, dans une enquête conjointe avec World News & Features, a identifié les emplacements dau moins quatre autres centres de détention où la torture est une pratique routinière. Le général al-Samarraï a dit hier quil connaissait lexistence de 10 centres comme celui-ci.
M. Lavandi, qui était colonel dans les services des renseignements iraniens des Mokhaberat, a reçu la nationalité irakienne le 12 mai 2004 et a été promu au rang de général, a affirmé le général al-Samarraï au téléphone depuis Amman, en Jordanie, où sa famille a déménagé après deux tentatives dassassinats menées contre lui.
Lofficier iranien a non seulement orchestré des interrogatoires, des tortures et des exécutions à la prison, mais a aussi participé à des séances de torture, utilisant souvent une perceuse électrique, a expliqué le général al-Samarraï.
Certains détenus torturés ont été retrouvés à la morgue avec des trous faits à laide dune perceuse dans les jambes et les yeux, selon une autre source des services de sécurité, qui a refusé de donner son identité.
Le général dit que M. Lavandi avait travaillé avec le ministère et le vice ministre pour créer un service spécial de sécurité afin de diriger la détention et les interrogatoires, ainsi quun autre groupe appelé la Brigade des Loups pour capturer les suspects et les conduire en des endroits secrets, la plupart du temps à la faveur de la nuit.
Le général al-Samarrai, un officier avec 46 ans de carrière, a été renvoyé du ministère de lIntérieur dans une purge denviron 600 membres du personnel en juillet. Beaucoup ont été remplacés par des partisans radicaux du nouveau ministre de lIntérieur Bayan Jabr Solagh et de ses alliés de la Brigade Badr, une milice liée au parti religieux chiite le plus important dIrak, lAssemblée suprême de la révolution islamique en Irak.
Le général affirme que le ministre a fait entrer 17.000 combattants de lorganisation Badr dans les rangs des forces du ministère de lIntérieur après que les milices en Irak aient été officiellement désarmées. La majorité dentre eux ont reçu un entraînement militaire en Iran et se sont infiltrés en Irak peu après la chute du dictateur Saddam Hussein.
Le général al-Samarraï dit avoir rendu furieux ses supérieurs en remplaçant les 14 membres inopérants dune commission denquête et en libérant 124 prisonniers dun centre situé au nord de Bagdad.
Ce récit coïncide avec les commentaires dun leader religieux, Abdel Karim Abdel Razzak, qui a récemment déclaré à une chaîne de télévision arabe que le général al-Samarraï lavait libéré de prison.
Quand il était au ministère et quil visitait les centres de détention, le général al-Samarrai dit avoir souvent entendu les officiers et les geôliers parler entre eux en farsi, la langue iranienne, rappelant des déclarations antérieures faites au Washington Times par des hommes daffaires qui avaient visité le ministère. Les chiites irakiens, bien quadeptes de la même branche de lIslam, parlent larabe, non le farsi.
Le général al-Samarrai a également déclaré que les salaires dun grand nombre demployés du ministère venaient dIran.
« La plupart des bourreaux étaient soit des Iraniens, soit des Irakiens ayant vécu en Iran et qui étaient revenus en Irak après linvasion » en 2003, a-t-il expliqué.
Le général al-Samarraï a donné une liste détaillée dun certain nombre de centres secrets de détention et dinterrogatoires qui ont été mis en place en plus de la prison de Jadriya.
Quatre sont situés dans la capitale irakienne, dont celui perquisitionné par les forces américaines jeudi, a-t-il dit.
Trois autre se trouvent dans des régions majoritairement chiites du pays, a expliqué le général. Il dit quil existe deux centres de détention pour femmes à Bagdad où « les détenues sont torturées et violées ».
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