Iran Focus, Londres, 16 novembre Voici le visage de lhomme qui dirige un des groupes les plus redoutés en Irak, lOrganisation Badr.
Iran Focus a appris de sources fiables quun des chefs de milices armées les plus renommés en Irak travaillait en collaboration étroite avec les Gardiens de la Révolution dIran.
Hadi Farhan Abdullah al-Ameri (alias Abu Hassan al-Ameri) est né en 1954 dans la grande province de Diyala, à lest de lIrak. Cet homme relativement petit et à la peau foncée, diplômé de lUniversité de Bagdad en gestion économique, sest marié avec une émigrante kurde dans la province dIlam située non loin, à louest de lIran.
Al-Ameri était un des premiers à rejoindre le Conseil suprême pour la Révolution islamique en Irak (SCIRI).
Les liens du SCIRI avec lIran remontent à 1982, lorsquil a été créé à Téhéran sur ordre du leader iranien dalors, layatollah Ruhollah Khomeiny. Lactuel guide suprême de lIran, layatollah Ali Khamenei, était chargé de lécriture du manifeste du conseil, dont lobjectif premier est de répandre la révolution islamique iranienne en Irak.
Le haut responsable de la Justice en Iran, layatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, était le président du groupe pendant plusieurs années, tandis que Mohammed Baqer al-Hakim était son porte-parole. Mohammed Baqer al-Hakim, frère aîné du chef actuel du SCIRI, Abdul Aziz al-Hakim, est décédé dans lexplosion dune bombe en août 2003 dans la ville irakienne de Nadjaf.
En 1988, après le cessez-le-feu dans la guerre Iran-Irak, al-Ameri a été nommé responsable du renseignement dans la branche militaire du SCIRI, la Brigade Badr, et a rapidement grimpé les échelons jusquau poste de commandant opérationnel du groupe, travaillant en collaboration étroite avec le haut commandement du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI).
En 2002, Mohammed Baqer al-Hakim la nommé commandant de la Brigade Badr, baptisée plus tard Organisation Badr.
Depuis, al-Ameri est en contact régulier avec les hauts officiers de la Force Qods du CGRI, y compris avec le commandant de la force délite, Qassem Soleimani. La Force Qods a pour mission dexporter la révolution islamique dIran vers « Jérusalem, via Bagdad ».
Iran Focus a appris que le chef de lOrganisation Badr recevait un salaire régulier de la Force Qods par lintermédiaire de la Sepah Bank, dirigée exclusivement par le CGRI.
Depuis linvasion de lIrak par les Etats-Unis et la délocalisation de lOrganisation Badr en Irak, al-Ameri se rend fréquemment en Iran pour rencontrer les hauts commandants du CGRI chargés de semer la discorde parmi la population dIrak divisée en divers groupes ethniques.
Il détient actuellement un siège à lAssemblée nationale dIrak et dirige la commission de Défense et de Sécurité de lassemblée.
Le ministère irakien de lIntérieur semblerait vraisemblablement être sous le contrôle de lOrganisation Badr et de sa branche politique, le SCIRI.
En novembre dernier, les forces américaines ont fait une descente dans un centre de détention secret à Bagdad dirigé par le ministère, et y ont découvert plus de 150 prisonniers, sunnites pour la majorité, ayant été torturés.
Depuis ce jour, des dizaines de centres de torture similaires ont été découverts, ce qui a poussé les hauts responsables américains à forcer les administrations irakiennes, aussi bien sous lancien Premier ministre Ibrahim al-Jaafari que le Premier ministre actuel Nuri al-Maliki, à remanier le cabinet et à désarmer les milices qui sont la cause première des violences sectaires.
La milice chiite Badr serait également responsable denlèvements et dexécutions dIrakiens ordinaires et de personnalités politiques opposées à létablissement dun gouvernement basé sur le modèle théocratique iranien.
Un autre groupe rival serait derrière la plupart des effusions de sang en Irak, lArmée Mahdi, menée par le très controversé dignitaire religieux chiite Moqtada al-Sadr.
Les dirigeants américains accusent Téhéran darmer et de financer la milice dal-Sadr.