Le Monde, 10 février – Les Etats-Unis soupçonnent l’Iran de fournir aux miliciens chiites en Irak des explosifs particulièrement meurtriers utilisés notamment contre les troupes américaines. Il s’agit, explique le New York Times, de cylindres bourrés d’explosifs disposés le long des routes.
La particularité de cette arme est sa forte capacité perforante, à laquelle même des chars ne peuvent résister. Une bonne partie des soldats américains tués en Irak au cours du dernier trimestre 2006 aurait été victime de ce prodécé, qui s’il reste minoritaire, est beaucoup plus « efficace » que les autres armes du même type.
L’implication de l’Iran serait confirmée par plusieurs agences de renseignement américaines. Les éléments de preuve reposeraient sur des armes trouvées dans des caches en Irak et des documents obtenus lors de l’opération menée contre des installations iraniennes à Erbil, dans le Kurdistan irakien.
Le sécrétaire d’Etat à la défense, Robert Gates, qui s’exprimait en marge d’une réunion de l’Otan à Séville, a expliqué vendredi à des journalistes que des numéros de série et des marques distinctives ont été retrouvés sur des débris d’explosifs qui permettent de remonter à l’Iran. « Je ne suis honnêtement pas certain de tous les détails mais je sais qu’il existe des preuves assez convaincantes reliant (la technologie de la bombe) aux Iraniens », a-t-il encore déclaré. De nouveaux éléments de preuve pourraient être dévoilés pendant le week-end selon le New York Times.
Le représentant permanent de l’Iran auprès des Nations unies, Javad Zarif, a rejeté, vendredi, les accusations de M. Gates. Le diplomate a assuré que l’Iran n’avait « aucun intérêt » à fournir des armes à des insurgés irakiens. « Mais le problème, a-t-il poursuivi, c’est que les Etats-Unis ont convenu d’une politique, et ils essaient de trouver, ou de fabriquer des preuves s’ils n’arrivent pas à en trouver, pour légitimer et corroborer leur politique ».