AFP : La République islamique d’Iran, dont le président Mahmoud Ahmadinejad effectue mercredi une visite controversée au Liban, est le principal parrain militaire et politique du Hezbollah.
Fondé dans les années 1980 sous l’impulsion des Gardiens de la Révolution (Pasdaran) iraniens, pour lutter contre Israël, le « parti de Dieu » ne parle que d’un « soutien politique et social » iranien, mais Washington l’accuse de recevoir des armes de Téhéran via la Syrie, son autre grand allié.
« En 1982, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban, des membres des Gardiens de la Révolution ont créé à Baalbeck (est) le noyau du Hezbollah, entraînant des militants armés », explique à l’AFP Wadah Charara, auteur de l’ouvrage « l’Etat du Hezbollah », paru en 2006.
« Le parti s’est développé et les Pasdaran ont poursuivi leur entraînement, financement et armement du parti. Ils choisissaient eux-mêmes ses leaders ».
Fort de cet appui et d’un arsenal estimé actuellement par Israël à des dizaines de milliers de roquettes, le Hezbollah a combattu les troupes israéliennes jusqu’à leur retrait du sud du Liban en 2000 après 22 ans d’occupation.
Après avoir imposé, selon lui, « un équilibre de la terreur » avec Israël, qui n’a pas pu le neutraliser lors de la guerre de 2006, le Hezbollah « est aujourd’hui un élément essentiel au sein de la stratégie iranienne dans la région », souligne M. Charara.
« Le pivot de cette stratégie est la cause palestinienne mais l’objectif ultime est d’enraciner l’influence iranienne dans l’Orient arabe », estime-t-il.
Au Liban, les adversaires du Hezbollah l’accusent d’être inféodé à l’Iran et d’avoir transformé le pays en une « carte de négociations » pour Téhéran dans le dossier de son programme nucléaire controversé.
Mais le parti chiite, qui refuse de désarmer et figure sur la liste américaine des organisations terroristes, se défend d’être lié par une telle allégeance.
« Le Hezbollah est attaché au principe du +Wilayat al-Faqih+ » (système appliqué en Iran qui confère aux religieux la primauté sur le pouvoir politique), expliquait en 2009 le numéro deux du parti à l’AFP.
« Pour nous, la référence concernant la religion et la nation islamique, c’est le Wali al-Faqih, le guide suprême (iranien, actuellement l’ayatollah Ali Khamenei) », affirme cheikh Naïm Kassem.
Mais, selon lui, c’est le Hezbollah qui prend les choses en main au moment de l’application, en tenant compte des spécificités libanaises: « Le Wali al-Faqih établit les règles générales, comme le devoir de combattre Israël, mais ne nous dit pas comment combattre ».
Certains craignent que le Hezbollah n’impose au Liban le modèle iranien, mais à mesure qu’il s’imposait comme une force politique au Parlement et au gouvernement, le parti a modéré sa rhétorique islamique et assuré que ce scénario n’était possible qu’à travers la volonté populaire.