Iran"Étudiez un peu l’histoire," déclare l'Iranienne Nasrine Sotoudeh

« Étudiez un peu l’histoire, » déclare l’Iranienne Nasrine Sotoudeh

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Café Babel: Nasrine Sotoudeh*, lauréate du Prix Sakharov par le Parlement européen pour la liberté de l’esprit 2012, a écrit aux prisonniers politiques de la prison d’Evine, récemment visés par un raid sauvage des autorités iraniennes. 

 

Celle qui a été emprisonnée plusieurs années pour avoir défendu les opposants, s’est exprimé pour la première fois depuis sa libération. Elle s’est adressée à ses codétenus et aux militants iraniens des droits de l’homme pour louer leur courage et a déclaré que « l’opinion publique demande un suivi précis et un éclairage sur l’ampleur de cette catastrophe et l’identification de ses auteurs et des commanditaires ». S’adressant à la dictature théocratique au pouvoir en Iran, elle a mis en garde ses dirigeants pour cesser leur frénésie criminel et les a invités à « Étudiez un peu l’histoire !Tout ceci a déjà été essayé. Cela n’a abouti à rien »!

 

Sa lettre traduite du persan:

 

«La catastrophe que vous avez vécue en ce jeudi noir s’est aujourd’hui transformée en une catastrophe nationale pour les Iraniens. Une catastrophe qui vous a touchés à vous les journalistes, parce que l’Iran est devenu une de vos plus grandes prisons.

 

 Une catastrophe qui vous a touchés à vous les ouvriers, vous qui vivez avec des idées de gauche et qui trouvez votre identité dans ce modèle. Une catastrophe qui vous touche à vous minorités ethniques et religieuses. Une catastrophe qui vous touche à vous les militants civils et les étudiants. Une catastrophe qui vous touche à vous les militants politiques et sociaux et les militants des droits humains. Et une catastrophe pour ce groupe de compatriotes qui sous prétexte d’espionnage sont pris en otages et qui sous le coup de la honte n’arrivent plus à parler. 

 

 

Une fois de plus nous avons revu, et encore revu les scènes de violence dont vous avez été la cible et nous avons versé des larmes et salué votre courage. Vous n’ayez pas plié sous les vociférations qui vous ordonnaient le silence. Ils n’étaient pas encore sortis de la section que vous nous avez fait partager vos souffrances et que vous avez crié à l’injustice. A vos côtés et avec vous nous sommes allés à l’infirmerie et nous en sommes revenus, nous avons monté et descendu les escaliers de la section, nous sommes allés au cachot, nous nous sommes rasés le crâne et surpris par les mensonges nous les avons regardés.

 

Tandis que cela fait cinq ans qu’un peuple attend, interloqué, la libération des prisonniers de consciences, ils envoient pour message à travers l’ampleur de cette violence, qu’il ne faut pas attendre. Notre message aux partisans de la violence est simplement celui-ci : libérez les prisonniers politiques de toute urgence et sans condition parce que leur procès a été injuste ! Leur condamnation a été faite selon la demande des interrogateurs qui ne connaissaient rien à l’indépendance de la justice, à l’équité, à l’égalité et à la liberté d’expression, et pire que tout, elle a été prononcée par des juges terrifiés par l’interrogateur. 

 

Au fait pourquoi ne font-ils pas passer leur condamnation de deux chiffres à une de trois chiffres? Faites tournoyer encore plus fort vos matraques en l’air, fabriquez des mensonges encore plus gros, et toute la violence qui vous vient à l’esprit, n’hésitez pas, allez-y. Tout ceci a déjà été essayé. Cela n’a abouti à rien. Étudiez un peu l’histoire !

 

Comme le dit mon cher fils Emad Bahavar : « Cela fait cinq ans que nous résistons ».  Ouvrez-nous les portes des prisons, nous attendons derrières les portes des prisons toutes proches… Amis et anciens codétenus, sachez que la sanction pour ce genre d’acte sauvage par des agents du pouvoir, c’est la prison.

 

Même si parmi les prisonniers de la section 350 se trouve un des plus brillants et des plus courageux avocats d’Iran qui donnera certainement les conseils qu’il faut, cependant il y a de nombreux membres du barreau prêts à être avec fierté les défenseurs des prisonniers qui ont été tabassés et qui n’ont pas peur de faire leur devoir sous la menace d’arrestation et d’annulation de leur licence. Peut-être que de cette façon on pourra répondre avec précision à l’opinion publique qui demande un suivi précis et un éclairage sur l’ampleur de cette catastrophe et l’identification de ses auteurs et des commanditaires.

 

Votre ancienne codétenue de la section des femmes

Nasrine Sotoudeh »

 

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