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Iran- la justice internationale doit se pencher sur le massacre des prisons en 1988

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Iran- la justice internationale doit se pencher sur le massacre des prisons en 1988

À l’occasion du 27e anniversaire du « massacre des prisons » en Iran, les familles des victimes ont cherché à se réunir le 29 aout au cimetière Khavaran pour célébrer la mémoire de leurs proches qui gisent dans des fosses communes.

Les forces de sécurité et les agents de renseignements ont empêché l’accès des familles en les menaçant d’arrestation. Depuis quelques jours les alentours et les routes menant à ce cimetière situé dans la banlieue sud de Téhéran avaient été bouclé par forces du gouvernement qui craignaient que la mobilisation des familles jette la lumière sur une des pages les plus sombres de l’histoire de l’Iran.

Le « massacre des prisons » fait partie des sujets tabous pour le régime et toute transgression provoque une réaction furieuse de la part des autorités dont certaines ont été directement ou indirectement impliquées dans ce « crime contre l’humanité ». Les autorités iraniennes cherchent à noyer dans l’oubli cet épisode terrible qui a vu l’élimination de 30 000 prisonniers politiques en quelques semaines à la suite d’une fatwa de Rouhollah Khomeiny en 1988. Ce dernier avait décidé de purger les prisons iraniennes de toute forme de résistance.

Les membres et sympathisants de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran furent les principales victimes de ce massacre de masse, mais aussi les membres des autres organisations politiques qui sont restées attachées à leurs convictions n’ont pas été épargnés. Ces prisonniers qui purgeaient leurs peines de prison, étaient rejugés par les tribunaux expéditifs du « Comité de la mort » et condamné à la peine capitale pour leur sympathie envers l’opposition. Certains âgés d’à peine 15 ou 16 ans, n’avaient plus que quelques semaines de détention à purger avant d’être élargis, lorsque Khomeiny publia sa fatwa.

Dans ses mémoires Montazeri a reproduit le texte de la fatwa délivrée par Khomeiny : « Etant donné que les Monafeghine (1) sont des traîtres qui n’ont aucune croyance en l’Islam, que tout ce qu’ils disent est motivé par leur ruse et leur hypocrisie, que leurs dirigeants ont avoué leur apostasie à l’égard de l’Islam,(…) Etant donné que dès le début de sa fondation, ils ont porté des coups lâches au régime de la République islamique,[Il est ordonné ce qui suit :] Tous ceux qui sont emprisonnés à travers le pays et qui persistent dans leur hypocrisie sont condamnés à mort car ils sont en guerre contre le Dieu. » (Monafeghine c’est la terminologie officielle du régime pour désigner les Moudjahidine du Peuple d’Iran, OMPI) 

Dans un rapport publié le 19 août 2008, Amnesty International a exigé que « les responsables du massacre des prisons doivent être tenus de rendre des comptes. Il ne devrait pas y avoir d’impunité pour des violations des droits humains aussi manifestes, quelle que soit la période à laquelle elles ont été commises. »

L’ONG a insisté : « Le droit international relatif aux droits humains requiert qu’une enquête soit menée de manière exhaustive et impartiale sur les violations du droit à la vie telles que celles qui ont été commises lors du ‘massacre des prisons’, qui a débuté en 1988 et s’est poursuivi pendant l’année qui a suivi. »

« Les responsables de ces homicides qui constituent une des pires violations des droits humains commises en Iran doivent être poursuivis en justice et jugés par un tribunal légalement constitué offrant toutes les garanties d’une procédure régulière, conformément à ce que prévoient les normes internationales d’équité des procès », avait conclu AI.

Les fondations de la barbarie

Khavaran est peut-être le plus tristement célèbre cimetière politique d’Iran et relève d’une histoire différente. Ce ne fut jamais un cimetière, à l’origine ce n’était qu’une friche à proximité du cimetière Bahaï, où ceux qui y gisaient avaient presque tous été exécutés en 1980 après la révolution. L’assassinat des prisonniers politiques n’avait pas cessé dix ans plus tard.

Entre aout 1988 et février 1989, sous la férule de Khomeiny, eut lieu la seconde vagie d’exécutions de prisonnier politiques. Peut-être ne connaîtrons-nous jamais le nombre exact et les autorités iraniennes ont cherché à effacer les traces des fosses de Khavaran en les rasant au bulldozer. Mais les familles continuent d’y venir pour perpétuer la mémoire de leurs êtres chers.

Les soi-disant réformateurs comme Mohammad Khatami, Hossein Moussavi ou Hassan Rohani sont resté silencieux et n’ont jamais admis l’existence des massacres, sans parler de conduire les responsables en justice. Cependant certains en Iran ont accepté de prendre la parole. Ainsi l’Ayatollah Ali Montazeri, qui fut le dauphin de Khomeiny, a été écarté du pouvoir pour s’être opposé à cette fatwa sanglante.

Maryam Radjavi, la dirigeante de la Résistance iranienne, a commémoré le 27 anniversaire du massacre dans un message : « Aujourd’hui, les peuples du monde sont indignés par la cruauté des crimes de Daech. Or, il y a trente ans en Iran, c’est Khomeiny qui a posé les fondations de cette barbarie en promulguant cette fatwa de mise à mort de milliers de jeunes Iraniens. À l’époque, Khamenei, le guide suprême des mollahs, était le président sortant du régime. Il a dit ouvertement à propos de cette boucherie : « Nous exécutons en effet des prisonniers et nous sommes très sérieux à ce propos ». Hassan Rohani, l’actuel président des mollahs, était alors le commandant en chef par intérim des forces armées et un haut responsable. C’est un fait que les deux factions du régime ont été directement impliquées dans le massacre des prisonniers politiques. Les mollahs ne pourront jamais se laver les mains du sang qu’ils ont versé et que le massacre de 1988 est à jamais gravé dans la mémoire de la nation. »

 

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