Iran Focus, 19 mai – Un rapport qui soulève de nombreuses questions a été publié hier par Human Rights Watch intitulé « Sortie interdite: violation des droits humains dans les camps de lorganisation des Moudjahidine du peuple dIran » (OMPI). Il accuse cette organisation, un des membres du Conseil national de la résistance iranienne, de mauvais traitements contre ses membres. Joe Stork, directeur à la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch à Washington y affirme que « Les membres qui tentent de quitter lOMPI le paient très cher. Ces témoignages livrent une image alarmante de ce qui est arrivé aux membres qui ont critiqués les dirigeants du groupe. »
Cependant, selon un observateur des droits de lhomme qui a tenu à garder lanonymat, le rapport de lONG laisse perplexe pour plusieurs raisons. Tout dabord HRW sest uniquement contenté de témoignages téléphoniques. Elle na donc pas pu vérifier ni lidentité des témoins, ni la véracité de leurs dires.
Deuxièmement, cet habitué des couloirs de lONU à Genève, est surpris de ne trouver aucune trace dans le rapport dune réponse de lOMPI qui peut pourtant être contactée en Irak ou par le biais des bureaux de la coalition à laquelle elle appartient, le CNRI, dans les grandes villes européennes. Il estime quil aurait été normal, sinon équitable, de faire connaître leur réaction.
Troisièmement, cet expert rappelle que la presse américaine et notamment le New York Times en juillet 2004 avait précisé quune enquête de seize mois de divers services américains, comme le FBI ou le Département dEtat, avait passé au crible lensemble des membres de cette organisation en Irak. Or le lourd appareil de renseignement américain avait été unanime pour dire quil nexistait pas de raison daccuser un seul membre de lOMPI. Cela les avait conduit à obtenir le statut de personnes protégées sous la Quatrième convention de Genève.
Par ailleurs, on se souvient que récemment, lagence de presse Knight Ridder rapportait depuis la base Achraf en mars 2005 que « les Américains ont enquêté sur les allégations comme quoi les Modjahedines retenaient à Achraf des personnes contre leur volonté, mais navaient trouvé aucune preuve sérieuse ». Lagence citait un officier américain déclarant que « ce ne sont pas des prisonniers. Ils sont sensés et physiquement libres de partir. »
Quatrièmement, et cest là que le doute sinstalle vraiment, le rapport donne des noms de « victimes », comme celui de Karim Haqi. Or Iran Focus a en sa possession un bulletin que Haqi publie, intitulé Peyvand et dans lequel il affirme avoir été interrogé par la police néerlandaise pour ses contacts avec les services secrets iraniens et largent quil en recevait pour financer ses publications qui sont en grande partie consacrées à diaboliser ce mouvement dopposition.
En remontant la piste Haqi, on saperçoit que lensemble des « témoins » de ce rapport affichent un triste bilan de collaboration avec le VEVAK, les services tentaculaires de renseignements de Téhéran. Iran Focus ayant ouvert un dossier spécial à ce sujet, il se propose de mener une contre enquête, et de révéler le passé très douteux de ces personnages qui ternissent gravement limage de Human Rights Watch.