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La réponse de la mère de Reyhaneh Jabbari à l’appel à la réconciliation nationale

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La réponse de la mère de Reyhaneh Jabbari à l’appel à la réconciliation nationale

Mohammad Nourizad a envoyé à Madame Sholeh Pakravan une lettre datée du 8 avril 2016 et intitulée « la réconciliation nationale ». [Mohammad Nourizad est un ancien collaborateur de Keyhan, un journal extrémiste proche d’Ali Khamenei (le guide suprême du régime des mollahs).

 

Depuis quelques temps, Mohammad Nourizad a pris ses distances avec le régime iranien. Madame Sholeh Pakravan est la mère de Reyhaneh Jabbari, une jeune fille exécutée en Iran en 2014 à l’âge de 27 ans.]

Mohammad Nourizad a écrit dans cette lettre : « Nous devons laisser de côté les haines, justifiés ou non, et nous devons marcher vers une grande réconciliation nationale. Sinon, demain nous constaterons que les occasions sont perdues et que nos mains sont vides. Comme je l’ai déjà dit et écrit à maintes reprises, la voie vers la libération et le bonheur du peuple iranien passe par un pardon général. Pour parvenir au bonheur, nous devons tous pardonner les uns les autres. Dans ce grand pardon, tout le monde doit participer, notamment les bassidjis, les pasdaran et le guide suprême… »

En réaction à cet appel à « la réconciliation nationale », Madame Sholeh Pakravan a écrit une lettre dont vous trouverez ci-dessous la traduction de quelques extraits :

« Supposons que votre appel soit un remède pour calmer la douleur des parents dont les enfants sont fusillés ou pendus. Supposons qu’il serait possible de réaliser un oubli national, oublier les départ forcé en exil, oublier les confiscations des biens, oublier les exactions commises contre les personnes exclus des universités ou démis de leurs fonctions en raison de leurs opinions politiques. Mais que fera-t-on des milliers de prisonniers condamnés à mort qui sont les réservistes d’une armée en attente d’être exécutés ?

Pour mettre en marche la réconciliation nationale que vous proposez, vous devez tout d’abord demander aux autorités avec qui vous êtes en contact d’arrêter toutes les exécutions, celles des prisonniers politiques et celles des prisonniers du droits commun. Lors des rencontres que j’ai eues avec les proches des personnes exécutées, je n’ai jamais vu qu’ils soient enclins à se réconcilier avec la machine des exécutions. Vous avez certainement constaté le niveau de haine et de douleur des proches des personnes exécutées.

Vous vous rappelez sûrement qu’il y a environ un an, six prisonniers sunnites ont été exécutés en Iran. Vous avez même publié un article sur la situation d’une mère dont deux enfants ont été exécutés… La mère de chaque victime est un volcan de haine. Vous savez mieux que moi que chaque exécution crée un nouveau foyer de haine et de colère.

La seconde étape de la réconciliation nationale serait la libération de toutes les personnes arrêtées en raison de leurs opinions politiques ou leurs croyances… Comment peut-on tolérer qu’Atena Farghadani reste 12 ou 14 ans derrière les barreaux, jusqu’à ce que ses cheveux deviennent aussi blancs que ses dents ? Alors qu’il y a actuellement tant de personnes en train de pourrir dans les prisons, pourrait-on parler de la réconciliation nationale ? Vous connaissez sûrement le cas d’Afchine Sohrab, un jeune prisonnier âgé de moins de 30 ans qui souffre d’un cancer ; ou le cas de Hossein Ronaghi qui est toujours derrière les barreaux, malgré le fait que son corps est en lambeaux et qu’il a perdu l’usage de ses reins…

La troisième étape de la réconciliation nationale serait d’abolir toutes les discriminations imposées aux femmes et aux minorités ethniques et religieuses. Imagiez-vous que les gouvernants qui se sont engraissé en ne nourrissant du sang du peuple vont volontairement renoncer à leurs privilèges et vont sortir leur griffes de la chair de cette nation ?

J’espère du fond du cœur que je verrai un jour la fin de l’oppression en Iran, l’abolition de la peine de mort, la libération des prisonniers d’opinion, l’octroi des droits aux prisonniers du droit commun, la traduction devant la justice des voleurs qui ont spolié les richesses de ce pays,…

La quatrième étape du processus de la réconciliation nationale et d’oubli général serait que les gouvernants aient la gentillesse d’annoncer les lieux de sépulture des victimes aux familles des jeunes exécutés et enterrés secrètement…

Même si tous le monde vous suit et accepte de pardonner les assassins, je me lèverai toute seule pour dire que je ne pardonne jamais les assassins de ma fille. Ils ont exécuté ma fille alors qu’elle était si jeune et en plein santé… Les jeunes exécutés n’auraient jamais demandé à leurs proches de pardonner ceux qui les ont assassinés…

Je ne pardonne pas et je n’oublie pas, jusqu’à la fin de ma vie, qu’elle soit courte ou longue. Je reste dans l’attente de la traduction devant la Justice des assassins de ma fille. Ils ont tué ma fille uniquement parce qu’elle a eu le courage de se défendre contre un homme qui a tenté de la violer. Je ne réclame pas que les assassins de ma fille soit condamnés à mort. Je souhaite qu’ils soient jugés de façon équitable, pour que tout le monde sache la vérité et pour que la Justice soit rétablie dans ce pays.

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