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Massacre de 1988 en Iran : déclaration conjointe de six ONG à l’occasion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

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Massacre de 1988 en Iran : déclaration conjointe de six ONG à l’occasion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Un nouvel élément

Cette déclaration affirme que le massacre des prisonniers politiques en Iran de 1988 est un crime contre l’humanité. En août de cette année, un document compromettant et gardé secret pendant 28 ans a été rendu public. Il contient de nouvelles informations sur ce massacre, la plus grande vague d’exécutions politiques du monde depuis la Seconde guerre mondiale, et une révélation de vive voix des auteurs du massacre.

L’ayatollah Khomeiny déclarait en juillet 1988 suite au cessez-le-feu de la guerre entre l’Iran et l’Irak : « Puisque ces traîtres de Monafeghine (OMPI) ne croient pas dans l’islam, que ce qu’ils disent est du mensonge et de l’hypocrisie, que leurs dirigeants ont admis être des renégats, qu’ils sont en guerre contre Dieu … il est décrété que ceux qui sont incarcérés dans le pays et qui maintiennent fermement leur soutien aux Monafeghine (OMPI) sont en guerre contre Dieu et sont condamnés à être exécutés (…) Dans tous les cas mentionnés ci-dessus, si, à n’importe quel stade ou n’importe quel moment de la procédure, la personne maintient son soutien aux hypocrites (OMPI) la sentence sera l’exécution. »

Des preuves tangibles
Dans la cassette audio du rassemblement du 15 août 1988, M. Montazeri s’adresse à la commission de la mort pour leur communiquer que des irrégularités (crimes) ont été commises et que le système judiciaire est défaillant. Il affirme que dans la jurisprudence chiite, les femmes ne doivent pas être exécutées, mais que Khomeiny lui a ordonné d’exécuter également les femmes. En effet, dans certaines prisons, la quasi-totalité des militants de l’OMPI ont été exécutés, y compris les femmes.

De nombreux rapports exposent la procédure des commissions de la mort, basée sur des questions choquante comme :

– À quel groupe politique appartenez-vous ?

– Acceptez-vous de venir à la télévision pour condamner les monafeghine (= hypocrite) ?

– Etes-vous prêt à combattre les monafeghine ?

– Etes-vous prêt à passer un nœud coulant au cou d’un membre actif des monafeghine ?

– Etes-vous prêt à nettoyer les champs de mines pour l’armée de la République islamique ?

Une mauvaise réponse à l’une de ces questions signifiait l’exécution pour l’interrogé. Les corps des victimes étaient ensuite enterrés dans des fosses communes, certaines aplanies en 2008 et 2009 par des bulldozers pour éviter les fouilles, en dépit d’une déclaration d’Amnesty International réclamant le droit d’enquête.

En plus du document audio, d’autres informations ont été clandestinement diffusées sur cet abominable massacre, y compris une vidéo de l’intérieur d’une prison révélant l’exécution de 33700 personnes en quelques jours envoyées par Reza Malek, ancien haut responsable du ministère du renseignement, à Ban Ki-moon.

Un massacre qui fait des vagues
Des rapports indépendants ont également vu le jour, à l’instar de celui de Geoffrey Robertson, président de la cour spéciale de l’ONU pour la Sierra Leone en 2010. Il qualifie ce massacre de « crime contre l’humanité » et de « génocide ». Amnesty International, la Fédération internationale des droits humains (FIDH) et Human Rights Watch l’ont également qualifié de crime contre l’humanité dans leurs rapports respectifs.

La presse a également dénoncé cette atrocité, comme l’article du journal britannique The Sunday Telegraph, qui dénonce la perte de 30 000 vies humaines, et celui du journal canadien The Toronto Star, qui évoque le témoignage d’un témoin sous pseudonyme. Ce chiffre effrayant a été corroboré par le journal français La Croix.
Aucun délai d’imprescriptibilité

Les conventions internationales établissent qu’un délai d’imprescriptibilité ne s’applique pas pour les crimes contre l’humanité. Selon la déclaration conjointe des six ONG mentionnées précédemment, la communauté internationale est responsable de ce dossier et doit déférer les auteurs du massacre devant la justice. C’est d’autant plus urgent que le génocide continue, avec la récente exécution de 25 sunnites. En outre, les auteurs du massacre de 1988 sont encore présents au gouvernement et continuent d’exercer leurs actes barbares dans différents secteurs de la société iranienne.

C’est pour cela que le collectif d’ONG demande au Haut-commissaire pour les droits humains de l’ONU, au Conseil des droits humains de l’ONU et à l’Assemblée générale de l’ONU de traiter cette affaire immédiatement en commençant par établir une commission internationale afin d’enquêter sur ces terribles crimes, puis en établissant un tribunal international pour en juger les auteurs.

Cette déclaration a également été appuyée par les ONG Hands off Cain, Edmond Rice Centre, Association of Humanitarian Lawyers, Association des Femmes Iraniennes en France et le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI).

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