Iran Focus : Une exposition sur la place de la Bastille sur le massacre de 1988 en Iran a saisie l’attention des passants : Une pile de chaussures et de fleurs symbolisait les 30 000 courageux prisonniers de conscience massacrés en 1988 suite à une fatwa du fondateur de la république islamique, Rouhollah Khomeiny.
Exterminer l’opposition en s’attaquant aux plus vulnérables, les prisonniers politiques sans défense qui purgeait des peines de prison et attendaient leur libération, était la macabre décision de Khomeiny face à l’opposition grandissante de la population contre son régime absolutiste.
Il y a un peu plus d’un an maintenant, le fils de l’ayatollah déchu Ali Montazeri publiait des documents audio qui incriminaient de nombreux membres du gouvernement iranien pour le meurtre de 30 000 opposants politiques en 1988. Cette révélation a grandement secoué la société iranienne et pour cet affront, Ahmed Montazeri a été condamné à six années de prison en appel pour « propagande contre l’État » et « publication de documents secrets ».
Malgré la disparition inexpliquée de dizaines de milliers de prisonniers politiques, malgré nombre de documents et témoignages rapportant l’horreur de ce massacre, le régime iranien a fait son possible, pendant près de trois décennies, pour dissimuler au peuple iranien l’ampleur de ses exactions, et la plupart des familles sont restées ainsi sans nouvelles de leurs proches.
Dans le sillage de la 36e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, et alors que pour la première fois, une courte description du massacre de 1988 a été faite dans le rapport d’Asma Jahangir sur la situation des droits de l’homme en Iran, deux importantes conférences ont eu lieu à ce sujet.
La première, tenue à Strasbourg le 13 septembre au siège du parlement européen et organisée par les Amis d’un Libre et dirigée par Gérard Deprez, a réuni une douzaine d’eurodéputés pour appeler le Conseil de l’Union Européenne, les États membres de l’UE et Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l’UE, à mettre fin au silence et à l’inaction à l’égard de la violation des droits de l’homme en Iran. Ils ont également demandé qu’une enquête soit ouverte par les Nations Unies pour confondre les auteurs du massacre de 1988 et les mettre face à leurs responsabilités devant la Cour Pénale Internationale, pour mettre fin à près de trente ans d’impunité, aveu de faiblesse de la part des instances internationales.
La seconde conférence, tenue au siège européen de l’ONU à Genève le 14 septembre, a été organisée par un groupe d’ONG, dont France-Libertés-Fondation Danielle Mitterrand, le Parti radical non violent, transnational et trans-parti, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), la Women’s Human Rights International Association (WHRIA) et l’International Educational Developpement (IED).
La Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des Droits de l’Homme en Iran (Mme Asma Jahangir) a écrit dans son rapport récent : « En août 2016, un enregistrement audio d’une réunion entre de hauts fonctionnaires de l’État et des dignitaires religieux en 1988 a été rendu public. Il révèle les noms des responsables qui ont ordonné les exécutions et les ont justifiées; en font notamment partie l’actuel Ministre de la Justice, un juge de la Haute Cour de Justice toujours en fonction et le directeur de l’une des principales institutions religieuses du pays, qui était également candidat aux élections présidentielles tenues au mois de mai. »