Iran Focus, Tabriz, 31 mai Ziba prépare son doctorat de mathématiques à luniversité de Tabriz, la capitale de lAzerbaïdjan. Le menton volontaire, des yeux verts profonds et des sourcils pratiquement toujours froncés. Ziba est soucieuse et comme beaucoup détudiants peste contre la présidentielle qui sannonce. Elle a choisi de boycotter ce quelle appelle une « véritable foutaise ».
« Comment voulez-vous quon parle délections quand on na le choix quentre des mollahs et des pasdarans ! » Le repêchage du candidat réformateur, Moïne, ne la fait pas changer davis : « Vous savez quil ny a quen occident quon parle de réforme, parce que nous ici on na rien vu passer. Bien au contraire, le climat à luniversité est étouffant et nous les femmes nous sommes plus que jamais sous pression. Les conditions détudes et de vie sont déplorables. Les facs sont pleines dagents en civil qui vous cherchent des poux à longueur de journée. Si il y eu des réformes, cest dans le sens inverse, alors Moïne il peut aller se rhabiller ! »
Tout à coup ses yeux pétillent et comme par miracle les sourcils se dérident. Dans un éclat de rire, la tête et le foulard en arrière, elle lance : « Moïne, vous savez ce quil a fait pour se donner un genre ? Il a pris une femme comme porte-parole et la pauvre, elle sest fait jeter à la première occasion. Elle devait participer dans un débat à la télé, et comme cest une femme, les autres candidats nont pas voulu delle. Croyez-moi si vous le voulez, mais elle na pas pu mettre les pieds sur le plateau de télévision. Si Khatami avait fait une réforme, la première chose aurait été de donner un minimum de droit aux femmes pour quon ne les traite pas de cette manière. »
« Vous savez ce dont tout le monde parle, ajoute-t-elle dun ton désabusé, eh bien, du foulard de sa porte-parole, Ellaheh Koulai. Pendant des années, elle ne portait quun foulard crème, et maintenant quelle est en campagne, elle en porte un à carreaux ! Et bien ça alimente tous les potins et les colonnes des magazines ».
Les sourcils se froncent à nouveau et dun regard très décidé, elle affirme : « quel que soit le candidat, je boycotte, nous allons tous les boycotter. Il faut que ça change ; mais alors que ça change vraiment, parce quon nen peut plus ! »