Par Golnaz Esfandiari
La politique de lUnion européenne vis-à-vis de lIran est de plus en plus sujette à des critiques de la part des groupes de droite. Reporters sans frontières critique cette semaine le dialogue des droits de lhomme de lUE avec lIran, disant quil permettait à lIran de maintenir de « bonnes relations » avec les pays de lUE mais navait pas conduit à un allègement de la répression en Iran. La critique fait suite à celle dun autre groupe, américain, Human Rights Watch, disant que le dialogue de lUE avec lIran navait rien apporté de tangible.
Prague, 30 juin 2004 (RFE/RL) Le groupe français sur les droits de la presse « Reporters sans frontières », a adressé une lettre ouverte à lUnion européenne dans laquelle il tance lUE pour son dialogue des droits de lhomme avec lIran.
La lettre souligne que depuis 2001, près de 120 journaux en Iran ont été interdits, plus de 50 journalistes ont été arrêtés et 11 sont toujours en détention.
Au début du mois, le groupe Human Rights Watch basé aux Etats-Unis avait également critiqué la politique de dialogue de lUE, disant quelle navait pas eu de résultat tangible. « Nous pensons que lUE devrait vraiment installer des repères clairs : demander la libération des prisonniers politiques, demander la réouverture des média réformateurs, demander la fin de la torture. »
LUE avait lancé sa politique de dialogue à la fin de 2002 dans lespoir dengager des relations avec les dirigeants iraniens. Quatre séries de discussions se sont tenues jusquà présent la dernière ayant eu lieu plus tôt ce mois-ci à Téhéran. Aucune date na été fixée pour la prochaine.
Human Rights Watch estime quau lieu dalléger la répression, lIran a intensifié la pression contre les critiques et de nombreux journalistes et intellectuels ont été poursuivis en justice.
Jean-Paul Martoz, un porte-parole de Human Rights Watch à Bruxelles, a dit à RFE/RL ce mois-ci que lUE devrait adopter une position plus ferme contre lIran.
« Nous pensons que lUE devrait mettre en place des point de repères clairs : demander la libération des prisonniers politiques, demander la réouverture des média réformateurs, demander la fin de la torture, de manière clair. [Cela signifie que »> si des mesures ne sont pas prises par le gouvernement iranien, il est évident quil faudra mettre fin au dialogue des droits de lhomme. En cas contraire, ce ne serait quune mascarade qui aide les conservateurs en Iran à prétendre que tout va bien », a dit Martoz.
LUE tout en continuant à être critique sur la situation des droits de lhomme en Iran a défendu sa politique, disant que cela avait mené à des pas mineurs mais positifs. Michael Gahler est le rapporteur du parlement européen pour les relations avec lIran. Il cite en exemple, une réduction du nombre dIraniens détenus en prison.
« Il y a des démarches positives apparemment en Iran », a-t-il dit. Ils disent quils avaient 180.000 prisonniers [et que maintenant ils en ont »> seulement 130.000 donc [cela montre »> quils peuvent réduire les chiffres des prisons. Ce sont des pas mineurs et positifs. »
La politique de lUE est créditée davoir mené à un moratoire sur la lapidation des femmes accusées dadultère et à des visites plus fréquentes en Iran de rapporteurs de lONU sur la liberté dexpression et les détentions arbitraires.
Gahler avance que le dialogue est une façon de soutenir et dencourager ceux qui dans la société iranienne sont en faveur de plus de démocratie et de liberté. Il recommande à lUE délargir ses contacts avec la société civile iranienne et les groupes favorables à la démocratie.
Il affirme que la présidence de lUE a lintention dexaminer le dialogue avec lIran et ses effets.
« La présidence hollandaise de lUnion européenne a dit que nous aurions une évaluation de ces deux dialogues sur les droits de lhomme. Nous en avons un autre avec la Chine. Nous devons en évaluer les effets si cela vaut la peine de continuer. Nous ne pouvons pas seulement continuer à dire que nous avons un dialogue des droits de lhomme pour léternité et que rien ne change. Nous attendons donc cette évaluation. Il est évident que du côté iranien leur motivation est dabord de conserver ce dialogue et au fond ils espèrent en tirer un accord de commerce et de coopération avec lUnion européenne. Cest leur principal intérêt. Ils sengagent donc mais pas de manière très voyante pour le moment. Il reste à voir combien de temps cela va continuer. Je dis quil faut continuer », a affirmé Gahler.
Des progrès sur les droits de lhomme et la coopération de lIran sur trois autres questions sensibles la prolifération nucléaire, la paix au Moyen-Orient et la lutte contre le terrorisme » sont considérées comme des préconditions que lIran doit remplir avant de signer un accord avec lUE pour renforcer le commerce et la coopération.