Presse Canadienne (PC), 26 juillet – Par Stephen Thorne – Des critiques pressent le gouvernement du premier ministre Paul Martin de durcir sa position vis-à-vis de l’Iran dans le dossier de Zahra Kazemi, cette Canadienne torturée et tuée dans une prison iranienne il y a deux ans.
Les conservateurs fédéraux et le groupe PEN Canada, qui milite pour le droit à la libre expression, ont lancé leur appel aujourd’hui, au lendemain du rejet, par un tribunal iranien, des requêtes en faveur d’une nouvelle enquête sur la mort de Mme Kazemi.
«Une Canadienne est arrêtée à tort, torturée, violée et assassinée, et le régime iranien n’enquête même pas, et que dit notre gouvernement? Rien», a indiqué Stockwell Day, le critique conservateur pour les questions d’affaires étrangères.
«Nous disons depuis deux ans que la réponse timide du Canada à la tragédie Kazemi ne mènera à rien», a expliqué M. Day. Selon lui, le premier ministre doit intervenir et exiger une enquête officielle sur l’affaire. «Faire moins, c’est abandonner son obligation de défendre la sécurité des Canadiens.»
Mme Kazemi, une photojournaliste montréalaise de 54 ans qui détenait la double citoyenneté iranienne et canadienne, est morte en juillet 2003, 17 jours après avoir été incarcérée pour avoir pris des photos d’une manifestation devant une prison de Téhéran.
La justice iranienne a accusé un employé subalterne des services de renseignement de l’avoir tuée sans préméditation au cours d’un interrogatoire, mais l’employé a été innocenté à son procès en juillet dernier, faute de preuve, selon la cour.
Hier, une cour d’appel iranienne a rejeté les demandes en faveur de la tenue d’une nouvelle enquête visant à établir si la mort de Zahra Kazemi était le résultat d’un meurtre prémédité, ce qui revient à fermer le dossier en Iran.
Shirin Ebadi, la lauréate du prix Nobel de la paix qui dirige l’équipe d’avocats représentant la mère de Mme Kazemi, a soutenu que les autorités judiciaires ont inhumé à la hâte la journaliste pour dissimuler toute trace de torture.
Mohammad Seifzadeh, un autre avocat, a déclaré qu’il n’y avait rien à attendre de la justice iranienne. Si on ne donne pas suite à leurs demandes de réouverture de l’enquête, les avocats soumettront leurs plaintes au sujet des personnes soupçonnées d’avoir causé la mort de Mme Kazemi à des institutions internationales, a ajouté M. Seifzadeh.
De son côté, PEN Canada appelle Ottawa à intervenir avec fermeté dans le dossier Kazemi, ainsi que dans celui du journaliste iranien Akbar Ganji, actuellement emprisonné après avoir réalisé des reportages sur les meurtres de dissidents.
Le ministère canadien des Affaires étrangères a critiqué la fermeture du dossier Kazemi par le tribunal iranien. Cela «illustre une fois de plus le fait que le système judiciaire iranien n’a ni la capacité ni la volonté de confronter les auteurs du meurtre brutal de Zahra Kazemi», a déclaré la porte-parole Marie-Christine Lilkoff hier.
La politique canadienne d’«engagement contrôlé» envers l’Iran sera maintenue tant que Téhéran n’aura pas entrepris d’instituer une enquête crédible et indépendante sur la mort de Zahra Kazemi, a-t-elle ajouté.