BBC News, 31 octobre Dans les rues et les parcs dIran, on rencontre des jeunes, hommes et femmes, qui proposent de vendre leurs reins. On peut lire sur une des pancartes quils portent : « Offre immédiate ! Rein à vendre, jeune homme, 22 ans, groupe sanguin O positif. Tel 09122
».
Chaque année, 1400 Iraniens vendent un de leurs reins à un étranger.
A la filiale de lAssociation des patients du rein de Téhéran, une des nombreuses agences créées pour coordonner ce commerce, la réception est pleine de monde. Dans les couloirs étroits et ternes, les gens font la queue, soit pour remplir des formulaires, répondre à des questions, subir des tests, soit pour se faire radiographier puis opérer. Lactivité est intense, à la limite du chaos. Les gens remplissent des registres, les photographies des patients sont collées sur de petits cartons et le téléphone sonne sans arrêt.
Les gens posent des questions sur les tarifs qui font aussi lobjet de marchandages. Certains sont vexés par ces prix aussi bas et quittent la pièce de colère. Un homme veut vendre son organe parce que son enfant a été brûlé dans un incendie et quil a besoin dargent pour une opération urgente. Un autre veut savoir pourquoi il na pas reçu les 1250$ (650£) que lEtat lui doit. Un troisième crie : « Ils veulent quasiment que ce soit gratuit. Ils croient que je vends de la viande ». Leur désespoir est évident.
De grandes espérances
Mehrdad a 23 ans et connaît de grandes difficultés financières. Il y a deux ans, il travaillait dans lindustrie de la construction, avait un revenu fixe et envisageait de se marier. Mais peu après la cérémonie, il a perdu son emploi et ses tentatives pour trouver un nouveau travail sont restées infructueuses. La dette de son mariage est toujours impayée et la pile de factures ne cesse de grandir. Désespéré, il a décidé de vendre un de ses reins, espérant recevoir autour de 7500$ (4000£) pour ce don. A la clinique, Mehrdad a appris que le nombre de vendeurs avait augmenté si fortement lan passé que les prix se sont effondrés et malheureusement pour lui, il est de groupe sanguin A, un des plus courants ce qui rabaisse encore le prix. On lui a dit que le mieux quil puisse espérer était 3700$ (2000£).
Négociations sur la transplantation
Lorsque Mehrdad est retourné à la clinique pour sa dernière série dexamens, on lui a annoncé quils avaient trouvé un receveur pour son rein. Shiva, vingt-deux ans, a déjà subi une opération de transplantation mais son corps a rejeté limplant qui a cessé de fonctionner deux ans plus tard. Son père est toujours en train de payer la première transplantation. Après de longues négociations, Mehrdad et Shiva se sont mis daccord sur un prix. LEtat doit payer à Mehrdad 1250$ (650£) et la famille de Shiva a accepté de lui verser 3000$ (1600£) supplémentaires. Cest moins quil aurait pu espérer, mais cest suffisant pour lui permettre de sacquitter de ses dettes.
Normalement, le donneur reçoit la moitié de largent avant la transplantation mais le père de Shiva cherche à gagner du temps et tente de retarder lopération. Il semble quil ait des difficultés à rassembler la somme.
Un cercle vicieux
Bien que langoisse et limpatience de Mehrdad de payer ses dettes grandissent, lui et Shiva ont passé beaucoup de temps ensemble à la clinique et des liens forts damitié se sont tissés entre eux. Mehrdad a accepté de confiance de donner son rein à Shiva et de recevoir son paiement après la transplantation. Il était anxieux à propos de lopération. « Une nuit, jai rêvé que jétais sur la table dopération. Ils avaient ouvert mon ventre et dit : Regardez ! Il na pas de reins ! »
Deux mois après la transplantation, Mehrdad et Shiva se sont complètement remis, mais les problèmes financiers de Mehrdad sont loin dêtre réglés. Largent la aidé à rembourser ses dettes et il a même pu sacheter une voiture pour commencer une nouvelle carrière de chauffeur de taxi, mais il a eu un accident et la voiture est irréparable. Une fois de plus au chômage, Mehrdad se repasse le film de tout ce qui lui est arrivé.
Il ouvre une lettre que Shiva lui a remise le dernier jour à lhôpital dans laquelle elle fait référence à lui comme à un « ange sauveur » et où elle dit : « Je vais prendre bien soin de ton cadeau pendant toute ma vie et je sentirai que tu es toujours avec moi ».