The Guardian, 20 novembre De Robert Tait à Téhéran Les extrémistes religieux en Iran demandent la séparation des hommes et des femmes dans les universités dans le but dimposer leurs valeurs islamiques puritaines sur les campus du pays.
Cet appel, soutenu par les hauts responsables proches du guide suprême, layatollah Ali Khamenei, survient au moment de la publication de nouvelles statistiques indiquant que les étudiantes sont plus nombreuses que leurs camarades masculins, ce qui vient renverser la tendance traditionnellement majoritairement masculine.
Cette initiative est menée par Hojatoleslam Mohammad Mohamadian, ecclésiastique dirigeant lorgane étatique représentant M. Khamenei dans les universités du pays. M. Mohamadian a averti dans un discours que les universités étaient devenues des « spectacles de mode » et a recommandé aux chanceliers de sanctionner les étudiants qui violaient le code vestimentaire islamique et la ségrégation des sexes. Il a exigé des classes séparées pour les hommes et les femmes et lévaluation des critères religieux et moraux des membres des universités afin de transformer la culture.
« Actuellement, lenvironnement public des universités est libre et la situation morale est offensive », a déclaré M. Mohamadian à un rassemblement de hauts responsables duniversité. « Les chanceliers des universités sont responsables non seulement de léducation et de la recherche, mais aussi de la religion, des croyances et des idées des étudiants. Si un ou deux membres de la minorité qui dégrade les universités sont traités avec sévérité, le reste des étudiants prendront ceci comme un avertissement et changeront leur attitude. »
Cette requête fait partie des mesures de répression dans le cadre desquelles des caméras de surveillance ont été installées sur les campus. Les étudiants actifs politiquement nont pas accès aux cours et un grand nombre de professeurs ont été forcés à une retraite anticipée. Il y a deux mois, le président Mahmoud Ahmadinejad a demandé la purge des professeurs libéraux et laïcs.
Les lois islamiques en Iran exigent déjà des hommes et des femmes quils sassoient à des rangées différentes en classe et dans les amphithéâtres. La ségrégation est appliquée également dans les bibliothèques, les salles de lecture, les réfectoires et les halls des résidences.
Le ministère de lEducation résiste à un renforcement de la ségrégation quil considère comme difficilement applicable et non nécessaire. Cependant, cette proposition a le soutien des députés membres de linfluente commission parlementaire pour la culture.
« Lorsque lenvironnement de travail est exclusivement masculin ou exclusivement féminin, les employés et les étudiants sont libérés de certaines distractions », a expliqué Mousalreza Servati, membre de la commission, à lagence de presse ILNA. « Dans les environnements libres, il est possible lorsquune femme passe, quun homme aime son visage ou son attitude et il arrive souvent que cette attirance pousse ensuite cette femme à quitter son mari pour se marier avec un autre homme. »