AFP, Washington, 16 mai – Les Etats-Unis gardent le cap des sanctions contre l’Iran malgré l’échec des mesures existantes visant à convaincre Téhéran de renoncer à son programme nucléaire, mais l’unité des six grandes puissances chargées du dossier parait menacée, selon des sources diplomatiques.
Alors que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) vient de constater que l’Iran avait fait des progrès sensibles dans l’enrichissement de l’uranium, l’administration Bush s’est bornée à réaffirmer mardi que la communauté internationale devait maintenir la pression sur Téhéran.
Des représentants de l’AIEA ont constaté dimanche, en inspectant les installations nucléaires iraniennes à Natanz (sud), que les centrifugeuses – les machines pour enrichir l’uranium – fonctionnaient à plein rendement, selon des sources diplomatiques à Vienne.
D’après l’une de ces sources, 1.600 centrifugeuses sont opérationnelles et une « cascade » de 164 autres est ajoutée environ tous les dix jours.
Téhéran pourrait donc atteindre cet été son objectif de 3.000 centrifugeuses, qui théoriquement pourrait lui permettre de construire une bombe atomique par an.
Mais alors que Washington brandissait l’an dernier le seuil proche des 3.000 centrifugeuses pour convaincre Moscou et Pékin d’approuver des sanctions contre Téhéran, l’administration américaine assure aujourd’hui qu’il reste « du temps » à la diplomatie pour réussir.
« Ce qui importe, c’est que nous avons continué à maintenir une pression soutenue sur les Iraniens. Les alliés restent unis quand il s’agit d’essayer de mettre la pression sur les Iraniens » pour qu’ils suspendent l’enrichissement et s’assoient à la table de négociations, a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow.
Les progrès iraniens « prouvent que nous devons continuer à exercer des pressions et, en fait, augmenter la pression avec une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU s’ils ne s’inclinent pas », a renchéri un porte-parole du département d’Etat, Tom Casey.
« Nous sommes convaincus que nous avons le temps pour régler ceci par les voies diplomatiques et que nous parviendrons, en combinant menace de sanctions et proposition d’ouvrir des négociations, à changer leur comportement et à faire reculer ce programme », a ajouté M. Casey.
Pourtant, selon une source diplomatique européenne, les alliés des Etats-Unis dans les négociations sur le programme nucléaire iranien commencent à se poser des questions sur l’utilité de poursuivre la stratégie des sanctions.
Si cette stratégie ne donne pas de résultat à l’automne, « il va falloir se demander ce qu’on va faire », a indiqué ce diplomate sous le couvert de l’anonymat, sans exclure catégoriquement une option militaire.
Ces apparentes hésitations européennes pourraient faire voler en éclat l’unanimité à laquelle étaient jusque là parvenues, au moins sur la question des sanctions, les six grandes puissances participant aux négociations sur le programme nucléaire iranien.
Officiellement, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne rejettent l’hypothèse de l’usage de la force contre Téhéran, une option que Washington a toujours refusé d’exclure totalement. La Russie et la Chine y sont catégoriquement opposées.
Les six pays se sont retrouvés au niveau des experts à deux reprises depuis le début du mois et leurs chefs de diplomatie pourraient évoquer la question à la fin du mois en marge d’une réunion ministérielle du G8 prévue à Postdam (Allemagne), selon le département d’Etat.