La Tribune de Genève, 12 juillet – Les discussions entre les deux délégations — celle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est emmenée par le vice-directeur, Olli Heinonen– ont repris jeudi matin.
Aucune information n’a filtré sur le résultat du premier round, d’une durée de trois heures, qui s’est tenu mercredi, ou sur une éventuelle rencontre entre M. Heinonen et le principal négociateur du programme iranien, Ali Larijani.
Ali-Asghar Soltanieh, représentant de l’Iran auprès de l’AIEA, avait indiqué mercredi matin que MM. Heinonen et Larijani se verraient avant l’ouverture des discussions.
L’ambassadeur iranien avait aussi indiqué que le résultat des pourparlers seraient rendus publics dans une conférence de presse jeudi après-midi. La télévision d’Etat a fait état de l’organisation d’un troisième round de discussions avant cette conférence, sans autre précision.
L’AIEA attend notamment des explications sur l’origine de traces de contamination de certains équipements par de l’uranium hautement enrichi (UHE) et sur le sort de plans de centrifugeuses d’enrichissement d’uranium sophistiquées de deuxième génération (P2).
Elle demande aussi que lui soit remis un document décrivant un procédé de moulage d’hémisphères d’uranium métallique ayant des applications militaires.
Ces questions alimentent les interrogations de l’agence sur le caractère du programme nucléaire iranien.
Téhéran affirme qu’il a un objectif purement civil et n’a pas l’intention de se doter de l’arme nucléaire, contrairement aux craintes de nombreux pays.
Le mutisme des autorités iraniennes sur les questions en suspens et la reprise de leurs activités d’enrichissement d’uranium en janvier 2006 ont poussé l’AIEA à déférer le dossier devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Conseil a depuis adopté trois résolutions –dont les deux dernières imposent des sanctions– pour obtenir notamment de Téhéran qu’il suspende son programme d’enrichissement.
Le président Mahmoud Ahmadinejad est intervenu sur ce point mercredi en rappelant que « personne ne doit s’attendre à ce que nous renoncions à notre droit et que nous arrêtions le travail ».
L’Iran exploitait plus de 1.300 centrifugeuses d’enrichissement d’uranium à la mi-mai dans son centre de Natanz, un chiffre qui pourrait s’élever à 3.000 d’ici fin juillet, selon un haut diplomate proche de l’AIEA.
En poursuivant ces activités, l’Iran risque de subir une troisième résolution accentuant les sanctions déjà en place.
Les grandes puissances ont laissé entendre qu’elles attendaient le résultat des entretiens entre l’AIEA et l’Iran avant de s’engager plus avant vers de nouvelle mesures plus contraignantes.
Le directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, avait indiqué le 22 juin, à l’issue d’une rencontre à Vienne avec M. Larijani, que les deux parties essaieraient de s’entendre, dans un délai de deux mois, sur un plan d’action permettant à l’Iran de répondre aux questions de l’AIEA sur son programme nucléaire.
Lundi, M. ElBaradei a accentué la pression en souhaitant des résultats rapides dans ce domaine lors de la visite de M. Heinonen. Il a notamment espéré qu’il soit possible d’obtenir « au moins une indication d’un engagement sérieux de l’Iran à aller de l’avant ».