Le Point.fr, 28 septembre – LIran sera le principal dossier de politique étrangère dont héritera le prochain président des Etats-Unis, saccordent à dire tous les experts quon peut interroger à Washington ces jours-ci. La prestation provocatrice du président iranien Ahmadinejad à New York, devant les étudiants de luniversité Columbia dabord, lAssemblée générale de lOnu ensuite, a placé momentanément la question iranienne au coeur de la présidentielle américaine.
Mais le plus clair sur le sujet, comme lindique le directeur dun des principaux centres de recherches (think tanks) conservateurs, est que « les Etats-Unis en sont encore à chercher à définir une politique face à lIran ».
Du côté des candidats républicains à la présidence, les postures martiales permettent évidemment de marquer des points à bon compte. Lun (Romney) appelle à inculper Ahmadinejad de crimes de guerre, un autre (Thompson) à bloquer toute aide de la Banque mondiale à Téhéran, tandis que dautres (McCain) chantonnent «Bomb ! bomb ! bomb !» sur un vieil air des Beach Boys quand on leur demande leur position sur lIran. Les démocrates sont à peine moins partisans de la manière forte. Mais la seule chose qui compte en la matière, évidemment, ce sont les intentions de la Maison-Blanche.
« Le président a indiqué clairement quil souhaite régler le problème avant la fin de son mandat (début 2009) », explique le même interlocuteur. Mais il na pas pour autant tranché en faveur dune possible intervention militaire, « la question nest même pas encore au sommet de son agenda ». Pour lheure, cest le département dEtat de Condi Rice qui gère le dossier, et elle recherche « une issue diplomatique à la crise, qui éviterait davoir à envisager loption militaire. Il ny a pas pour le moment à Washington de camp en faveur dune attaque contre lIran, même si le vice-président (Cheney) et ceux qui lentourent préconisent une plus grande fermeté, et parlent de changer le régime, ce quils font depuis longtemps. »
Un indice parmi dautres, selon la même source, est que le président Bush aurait décliné de se rendre, comme il avait été sollicité de le faire, à la réception donnée pour la sortie, le 11 septembre, du dernier livre de lessayiste néoconservateur Norman Podhoretz, World War IV, the long struggle against islamofascism.
En juin, le directeur de Commentary avait publié dans sa revue un long article appelant à des frappes aériennes contre lIran (« The case for bombing Iran »). Bush na pas voulu que sa présence puisse être interprétée comme une marque daccord avec cette thèse. «Podhoretz est seul à appeler à une action militaire, même parmi les gens dAIPAC (le lobby pro-israélien) et les néoconservateurs », affirme notre chercheur. « Pour le moment. Et bien sûr, sil y avait des renseignements et des preuves très convaincantes, comme cela a, semble-t-il, été le cas pour la Syrie, loption militaire pourrait être exercée. Mais pour le moment, après lIrak, personne na envie dune guerre en Iran »