AFP, Kaboul, 3 janvier – L’Afghanistan a appelé jeudi l’Iran à la clémence alors que les autorités iraniennes ont averti mercredi le million et demi de réfugiés afghans en situation irrégulière sur son territoire qu’ils risquaient d’être détenus dans des camps pour des peines allant jusqu’à cinq ans.
Dans le même temps, des milliers de Pakistanais, fuyant des combats entre les troupes pakistanaises et des islamistes proches des talibans dans le nord-ouest du Pakistan, sont arrivés dans l’est de l’Afghanistan, ont indiqué des responsables officiels.
Le ministre afghan des Affaires étrangères, Sultan Ahmad Baheen, a indiqué que son gouvernement n’avait pas été « formellement » informé de la décision iranienne et a demandé aux autorités de Téhéran de suspendre cette mesure.
« Nous espérons que cette décision ne sera pas mise en oeuvre au moins pendant les mois d’hiver », a-t-il ajouté durant une conférence de presse à Kaboul, précisant qu’une délégation afghane se rendrait « très bientôt » à Téhéran pour aborder la question.
Environ 1,5 million d’Afghans vivent en situation irrégulière en Iran, selon les autorités iraniennes, et 925.000 autres bénéficient d’autorisations temporaires.
Le gouvernement iranien a lancé en avril une campagne d’expulsion des illégaux, qui a touché dans l’immédiat plusieurs dizaines de milliers d’Afghans, mais qui s’est ralentie ensuite face notamment aux protestations de Kaboul.
Des centres de détention existent déjà pour les Afghans en situation irrégulière mais les autorités ont affirmé jusqu’ici qu’il s’agissait uniquement de lieux de transit avant expulsion.
L’Iran coopère depuis des années avec l’Agence des Nations unies pour les réfugiés et l’Afghanistan pour essayer de rapatrier les Afghans dûment enregistrés dans son pays, mais sans grand succès.
Les réfugiés légaux peuvent vivre et exercer certains métiers dans quinze des trente provinces du pays, selon M. Ghaemi.
L’Iran a accueilli jusqu’à quatre millions d’Afghans fuyant les différents conflits qui ont frappé leur pays depuis presque trente ans, mais aussi la misère économique qui a accompagné ces guerres.
Parallèlement, de 500 à 600 familles pakistanaises, soit 2.500 à 3.000 personnes, sont arrivées dans les provinces de Khost et de Paktia, dans l’est de l’Afghanistan, fuyant des combats entre l’armée pakistanaise et des islamistes dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, ont indiqué des responsables afghans et des Nations unies.
« Cinq cents à six cents familles pakistanaises ont fui le Pakistan », a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’ONU, Aleem Siddque.
Les Nations unies et le gouvernement afghan étaient en train de voir « comment nous pouvons leur apporter des vivres et des vêtements », a-t-il dit.