RSF: Chaque jour, Reporters sans frontières reçoit des nouvelles demandes dassistance de journalistes iraniens terrorisés, contraints de fuir précipitamment leur pays, où 32 de leurs confrères sont actuellement emprisonnés, après avoir été convoqués par les autorités iraniennes. Depuis lélection du 12 juin dernier, près dune trentaine de journalistes ont fui la répression dun Président et dun Guide suprême déterminés à éliminer toute critique.
« Cet exode de journalistes est le plus important depuis la révolution de 1979. Le régime, qui désigne les médias comme moyens utilisés pour renverser lEtat, se débarrasse de ces témoins gênants en les emprisonnant ou en provoquant leur fuite. Photographes, cameramen, blogueurs, reporters de journaux maintenant suspendus, tous sont accusés dagir contre la sécurité nationale. Si les plus chanceux arrivent en Europe ou aux Etats-Unis, la plupart prennent la fuite avec laide de passeurs dans des conditions extrêmement dangereuses. Leur pays de refuge, la Turquie ou lIrak, ou même lAfghanistan, les expose à de nouvelles brimades et à la surveillance policière. Les dispositifs prévus par la Convention de Genève de 1951 sont inadaptés pour répondre à la situation durgence. Les Etats européens doivent ouvrir leurs portes pour accueillir ces journalistes et soutenir la liberté dexpression en Iran », a déclaré lorganisation.
En plus du drame humain, lexode de journalistes iraniens fait planer le risque quune chape de plomb totale sabatte sur le pays. Information devient synonyme de répression. Ainsi, une journaliste iranienne a dû fuir le pays pour avoir diffusé à la BBC linformation sur la mort de Neda Aghasoltani, qui est par la suite devenue le symbole de lopposition au gouvernement. Un autre, photographe, a pris le chemin de lexil après quune de ses photos a fait la Une de la presse internationale. Un troisième a dû tout quitter pour avoir relayé la situation des prisonniers sur son blog.
Un écho pour les sans voix
Dans ce contexte, il est impératif de soutenir les initiatives des journalistes et photographes iraniens afin quils puissent sexprimer et diffuser linformation. Lorganisation a aidé à louverture dun site Internet, The Iranian journalists, une plateforme multimédia dédiée à la diffusion dinformations sur les médias et les journalistes, à la collecte darticles, de photos et de vidéos fournis par les journalistes eux-mêmes.
Reporters sans frontières, qui a publié en juin dernier un Guide pratique pour les journalistes en exil, multiplie les démarches auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ainsi quauprès des ambassades occidentales. Elle apporte également une aide financière durgence à ces hommes et ces femmes qui paient au prix fort leur volonté dinformer.
Ali Zare, photographe qui a été arrêté et torturé par les miliciens et les forces dordre pendant quarante heures dans un lieu inconnu, a confirmé à Reporters sans frontières les mauvais traitements infligés aux détenus. Voir son témoignage:
http://www.youtube.com/watch?v=dTDGVzjScRc&feature=player_embedded#