AFP: L’Iran a eu recours à "une répression d’une ampleur sans précédent depuis dix ans" pour mater la contestation populaire de l’élection présidentielle controversée du 12 juin, a affirmé mercredi Human Rights Watch (HRW).
"Après la présidentielle contestée du 12 juin et les protestations massives qu’elle a engendrées, le gouvernement a lancé une répression d’une ampleur sans précédent depuis une décennie", indique l’organisation de défense des droits de l’Homme basée à New York dans son rapport pour l’année 2009.
En 1999, des émeutes étudiantes avaient éclaté après une attaque par des hommes en civil et la police contre les dortoirs universitaires de Téhéran. Les affrontements avaient duré plusieurs jours, faisant officiellement un mort.
La réélection de Mahmoud Ahmadinejad a suscité un fort mouvement de contestation populaire, les partisans de l’opposition défiant jusqu’à ce jour l’interdiction du gouvernement de manifester.
"Les forces de sécurité sont responsables de la mort d’au moins 30 personnes, selon les sources officielles", écrit HRW, ajoutant que plus de 4.000 personnes avaient été arrêtées.
Des dizaines de personnes critiques du gouvernement ont été interpellées, et plusieurs ont été placées à l’isolement sans qu’aucune charge ne pèse sur elles, selon HRW.
Elle cite "au moins 26 cas où les détenus ont subi des tortures ou ont été forcés à faire de faux aveux", après avoir été battus, privés de sommeil ou fait l’objet d’un simulacre d’exécution. Ils ont été contraints "d’avouer qu’ils ont incité aux émeutes" et planifié "une révolution de velours".
L’organisation accuse le gouvernement d’avoir "mis en scène des procès", emprisonné des journalistes et imposé de strictes limitations aux médias locaux et étrangers.
HRW a par ailleurs indiqué que l’Iran exécutait le plus grand nombre de personnes par an après la Chine, et qu’il est en tête des pays qui exécutent des mineurs ayant commis des délits. "L’Iran a exécuté trois mineurs" lors des trois derniers mois de 2009, et au moins 130 autres ont été condamnés à mort.
Concernant les minorités, elle a accusé Téhéran de continuer à interdire la communauté des bahaïs de pratiquer librement sa religion.