AFP: Des cinéastes bosniens ont manifesté lundi soir à Sarajevo, devant l’ambassade d’Iran, contre la condamnation des réalisateurs iraniens Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, reconnus coupables de « propagande contre le régime » de Téhéran, a constaté l’AFP.
« C’est terrible qu’il existe au XXIe siècle des systèmes clérico-fascistes qui ne permettent pas la liberté de la parole, de l’expression, de l’activité artistique », a déclaré à la presse la réalisatrice bosnienne Jasmila Zbanic, dont le film « Grbavica » a remporté l’Ours d’Or à la Berlinale de 2006.
« Je suis venue apporter mon soutien à mon collègue Panahi dont j’ai fait la connaissance à Berlin. Ca me fait vraiment mal au coeur en raison de ce qui lui est arrivé », a-t-elle ajouté.
Bravant la neige et un froid glacial, une cinquantaine de cinéastes et acteurs ont visionné un film de Panahi projeté sur un grand écran installé, symboliquement, sur la façade de la faculté de Droit, située en face de l’ambassade d’Iran.
Agé de 50 ans, Jafar Panahi, l’un des cinéastes de la « nouvelle vague » iranienne les plus connus à l’étranger, a été condamné le 20 décembre par la justice iranienne à six ans de prison pour « participation à des rassemblements » et pour « propagande contre le régime » iranien.
Il est également frappé d’une interdiction de réaliser des films, d’écrire des scénarios, de voyager à l’étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers pendant les 20 prochaines années.
Un autre jeune réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui travaillait sur un film avec M. Panahi, s’est aussi vu infliger six ans de prison, pour des faits similaires.
« Jafar Panahi est un artiste phénoménal et un citoyen responsable de son pays qui veut y changer le système. La République islamique d’Iran viole tous les droits de l’Homme et c’est contre ça que Panahi élevait sa voix », a également dit Jasmila Zbanic.
Selon Haris Pasovic, un autre réalisateur bosnien, condamner un artiste à 6 ans de prison et lui interdire de faire des films et de voyager pendant 20 ans « équivaut à une peine de mort ».
« Les gens du cinéma à travers le monde ont décidé de ne pas s’accorder de répit tant que ces deux hommes-là ne seront pas libérés », a-t-il déclaré.
« Ils doivent voyager, créer, faire des films et être ce qu’ils sont – des cinéastes », a ajouté M. Pasovic.
La condamnation des deux cinéastes a suscité de vives protestations du monde du cinéma, des intellectuels français et également de la Berlinale, qui a invité Jafar Panahi à être juré de son édition 2011.