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Un médecin iranien témoigne du martyre de la journaliste Zahra Kazemi

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Le Monde, 11 avril – Nez fracturé, crâne fendu, doigts cassés, ongles arrachés, orteil « en bouillie », vagin « complètement lacéré » témoignant d’un « viol brutal » : Shahram Aazam, ancien médecin à l’hôpital militaire de Baghiatollah à Téhéran, n’a pas épargné les oreilles sensibles, en racontant à la télévision, en direct d’Ottawa, les horreurs révélées par le corps de la photo-journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi.

C’était le 26 juin 2003, aux urgences de l’hôpital, quatre jours après l’arrestation brutale de Zahra Kazemi lors d’une manifestation où elle prenait des photos. « Pour la première fois, je voyais un cas de torture » a dit le médecin, nouvellement réfugié au Canada.

Cette nuit aux urgences a changé sa vie. Depuis, il tentait de sortir d’Iran pour « faire son devoir… trouver un moyen d’en parler ». Un an et demi a passé avant qu’il puisse égrener cette série macabre au grand jour. L’Iran a qualifié Shahram Azzam d' »usurpateur ». L’avocate Chirine Ebadi, Prix Nobel de la paix a affirmé qu’elle n’a « jamais vu » ni « ne connaît » M. Azzam, dont le nom « ne figure pas dans le dossier judiciaire de Zahra Kazemi » qu’elle a lu. Mais Mme Ebadi, qui a fait appel du jugement iranien acquittant un agent des renseignements accusé du meurtre de la journaliste, a réclamé un « juge d’instruction spécial, qui ne soit pas soumis à l’autorité de la justice », pour faire la lumière sur cette affaire.

LE CANADA EXIGE UNE AUTOPSIE

Zahra Kazemi a été enterrée à la va-vite en juillet 2003, en Iran, contre le gré de sa famille. Les autorités iraniennes, qui, dans un premier temps, avaient attribué sa mort à une hémorragie causée par une chute… provoquée par un évanouissement… consécutif à une grève de la faim, ont ensuite admis qu’elle avait été maltraitée lors d’un interrogatoire musclé. En juillet 2004, le suspect numéro un a toutefois été acquitté.

Shahram Aazam raconte avoir « participé à toutes les enquêtes qui ont eu lieu. Mais le résultat ne reflétait pas la réalité. J’ai vécu avec ça pendant un an. Quand j’ai vu que justice ne serait pas faite, j’ai décidé de témoigner ». Pas si facile pour un officier militaire, vétéran de la guerre Iran-Irak ! Il profite d’un voyage en Suède pour contacter le fils de Zahra Kazemi, Stephan Hachemi. En Iran, M. Hachemi a le soutien de MmeEbadi. Avec ses avocats, le fils aide le Dr Aazam à obtenir l’asile politique au Canada.

Le témoignage du médecin frappe fortement les esprits au Canada. Ottawa a demandé à Téhéran d’autoriser une autopsie de la dépouille de Zahra Kazemi, en présence d’un médecin légiste

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