TEHERAN, 11 avr (AFP) – Le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi a admis lundi que certains opposants pouvaient être emprisonnés indûment, mais a présenté les spécificités religieuses et culturelles de l’Iran comme des « lignes rouges » à ne pas franchir par l’Union européenne.
« Je ne dis pas qu’il n’y a personne en prison qui ne devrait pas s’y trouver », a déclaré M. Kharazi lors d’une conférence de presse conjointe à Téhéran avec son homologue danois Per Stig Moeller.
« Il peut y avoir des cas sur lesquels nous ne sommes pas d’accord » avec la justice ultra-conservatrice, « nous espérons que, si quelqu’un est en prison sans raison valable, il sera libéré », a-t-il dit.
Mais, a ajouté le ministre, « la question des droits de l’Homme doit être abordée en prenant en compte les spécificités de chaque société, ses valeurs culturelles et religieuses, en respectant les lignes rouges qui existent dans toute société ».
« Vous avez des lignes rouges au Danemark, vous en avez aux Etats-Unis, vous en avez dans toutes les sociétés, y compris dans la nôtre », a-t-il insisté.
M. Kharazi a « salué » le dialogue sur les droits de l’Homme avec l’UE mais a objecté que mettre l’accent, comme le fait cette dernière, sur des dossiers individuels « n’aide peut-être pas », mais « au contraire est peut-être contre-productif ».
L’UE a engagé en décembre 2002 avec l’Iran un dialogue formel sur les droits de l’Homme, inscrit dans un cadre plus vaste, à la fois politique et commercial. Les Européens, émus des atteintes aux libertés fondamentales, des fermetures de journaux ou de l’exécution de mineurs, ont obtenu un moratoire sur la lapidation.
Mais la querelle nucléaire iranienne a gelé le dialogue, au cours duquel les Iraniens ont constamment fait valoir les spécificités locales, telle la loi islamique en vigueur dans leur pays, et ont opposé aux Européens les violations des droits de l’Homme chez eux.
Per Stig Moeller a reconnu ces spécificités mais a aussi invoqué des « principes universels » nécessitant de « développer » le dialogue.
Certains opposants peuvent être emprisonnés injustement, admet Kharazi
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