Radio Canada, 18 avril – Téhéran a décidé de suspendre les activités de la chaîne qatarie Al-Jazira sur son territoire. Elle accuse le réseau d’information continue d’avoir joué un rôle « subversif » dans les récentes manifestations de la minorité arabe dans la province du Khouzistan, dans le sud-ouest de l’Iran.
Al-Jazira a reçu ordre de ne plus opérer sur le territoire iranien et de fermer son bureau de Téhéran. La chaîne a qualifié cette annonce de « surprenante et injustifiée », tout en appelant l’Iran à revenir sur sa décision. Selon son porte-parole, Jihad Ballout, Al-Jazira « continuera à couvrir les événements iraniens de façon objective ».
La semaine dernière, Ahvaz, ville frontalière de l’Irak, a connu deux jours de manifestations violentes, à la suite de rumeurs de plan gouvernemental pour encourager l’installation de persanophones dans cette ville à très forte majorité arabe. Les Arabes ne représentent que 3 % des 69 millions d’Iraniens.
Al-Jazira aurait été la première chaîne à faire était des manifestations sur son antenne, reprenant le sujet dans ses émissions de débats. Elle a cité le Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz, établi à Londres, qui a parlé de 80 années « d’occupation iranienne » du Khouzistan, soulevant la question du caractère sécessionniste des manifestations.
« S’il est prouvé qu’Al-Jazira a commis un délit, elle sera poursuivie », a indiqué Mohammed Hossein Khoshvaght, du ministère iranien de la Culture et de la Guidance islamique.
Déjà interdite sur le territoire irakien, la chaîne qatarie, qui n’hésite pas à donner la parole aux opposants des régimes du Moyen-Orient, a déjà eu des problèmes avec les autorités en Arabie saoudite, au Koweït, au Bahreïn et en Jordanie.
Lundi, Téhéran a annoncé la mort de deux autres manifestants à la suite des troubles, portant à trois morts et au moins huit blessés le bilan de trois jours de violence dans la province du Khouzistan. Près de 200 personnes ont aussi été arrêtées.