TEHERAN, 5 mai 2012 (AFP) – L’avocat iranien défenseur des droits de l’Homme Mohammad Ali Dadkhah a annoncé samedi la confirmation en appel de sa condamnation à neuf ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale », précisant attendre encore la notification écrite de cette décision.
« Il s’agit d’une condamnation à neuf ans de prison, à 10 ans d’interdiction d’exercer le métier d’avocat et d’enseigner à l’université, et à une peine de fouet transformée en amende de 25 millions de rials (environ 1.500 USD) pour +atteinte à la sécurité nationale+ et appartenance au Cercle des défenseurs des droits de l’Homme », a déclaré Me Dadkhah à l’AFP.
De nombreux avocats appartenant à cette association fondée par la prix Nobel de la paix Shirine Ebadi ont été condamnés à de lourdes peines de prison ces dernières années pour « atteinte à la sécurité nationale » et « propagande contre la régime islamique ».
Amnesty International a demandé aux autorités « d’annuler immédiatement cette sentence ». « Le seul crime de Me Dadkhah est d’avoir défendu les droits des autres. Il n’aurait jamais dû être traduit en justice », a souligné l’organisation dans un communiqué.
Me Dadkhah, qui défend notamment le chef historique de l’opposition libérale Ebrahim Yazdi (80 ans) condamné à huit ans de prison en 2011 et le pasteur Youssef Nadarkhani menacé de peine de mort pour apostasie, a précisé avoir appris fortuitement, le 28 avril, que le jugement prononcé contre lui en juillet 2011 avait été confirmé en appel.
« Je devais plaider ce jour-là, mais le juge m’en a empêché en me disant que ce n’était plus possible car ma peine avait été confirmée en appel et était définitive », a raconté l’avocat en précisant n’avoir pas encore reçu de confirmation officielle écrite de ce jugement.
Me Dadkhah a souligné qu’il rejetait cette sentence car il n’avait commis « aucun crime », et qu’il allait continuer à se battre pour tenter de la faire annuler. Il a aussi souligné qu’il n’entendait pas quitter l’Iran pour se soustraire à la prison.
Les avocats ont payé un lourd tribut à la défense des libertés en Iran depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.
Le régime a mené une répression sévère contre les milieux politiques et intellectuels –responsables politiques ou syndicaux, étudiants, journalistes, avocats, cinéastes, militants des droits de l’Homme– ayant protesté contre un scrutin jugé entaché de fraudes massives.
Une dizaine d’avocats des droits de l’Homme ou de l’opposition sont actuellement emprisonnés ou en attente de l’être, généralement sous l’accusation d’atteinte à la sécurité nationale, selon Amnesty International.
Parmi eux figurent Abdolfattah Soltani (défenseur de la communauté des Bahaïs, condamné en mars à 18 ans de prison et 20 ans d’interdiction d’exercer), Nasrine Sotoudeh (défenseur de militants d’opposition, condamnée en 2011 à 11 ans d’emprisonnement et 20 ans d’interdiction d’exercer) ou Javid Houtan Kian (avocat de Sakineh Mohammadi-Ashtiani condamnée à la lapidation pour adultère).
La plupart appartiennent au Cercle des défenseurs des droits de l’Homme, dont la présidente Narges Mohammadi a été condamnée en janvier à six ans pour « propagande contre le régime ».