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Le geste audacieux d’une prisonnière politique en Iran

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 Le geste audacieux d’une prisonnière politique en Iran

Détenue dans la sinistre prison d’Evine, elle a écrit au procureur général de Téhéran à propos de l’exécution arbitraire de son frère et de sa sœur durant le terrible été de 1988, quand quelques 30 000 des prisonniers politiques ont été massacrés en l’espace de trois mois. Amnesty International a évoqué cette épisode douloureuse de l’histoire contemporaine de l’Iran, comme « un crime contre l’humanité resté impuni »

La courageuse prisonnière a expliqué ainsi son initiative : « Vu que la déposition de recours devant les tribunaux internationaux ne peut être possible qu’après une procédure devant les tribunaux nationaux, j’appelle donc à une enquête sur l’exécution illégale de ma sœur et de mon frère, et à une enquête pénale, conformément à l’article 34 de la Constitution (…) »

Dans un geste audacieux, Akbari Monfared a écrit le 18 octobre : « Mon frère Abdolreza et ma sœur Roqieh ont été exécutés à une date inconnue durant l’été 1988. Ils ont tous deux été jugés par le tribunal révolutionnaire et condamnés à des peines de prison. Ils ont été privés de leur droit d’avoir un avocat pour les représenter. Abdolreza a été arrêté quand il n’avait que 17 ans pour avoir vendu le journal Mojahed (affilié à l’Organisation des Moudjahidin du Peuple d’Iran, OMPI). Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement en 1980, mais les autorités ont refusé de le libérer après qu’il ait purgé sa peine de prison jusqu’à ce qu’il soit finalement exécuté en 1988.

« Pendant un mémorial pour mon autre frère, Alireza, qui a été exécuté le 19 Septembre 1981, les forces de sécurité ont attaqué et arrêté ma mère et sa sœur, Roqieh. Ma sœur qui était mère d’une petite fille, a été condamnée à huit ans de prison. Durant l’été 1988, elle a été exécutée alors qu’elle ne lui restait qu’une autre année à purger en prison.

« La plupart des juristes considèrent que si une personne innocente est exécutée en raison d’un manque de discernement ou d’une faute du juge, une enquête doit être effectuée pour déterminer si l’exécution de l’innocent était intentionnelle. »

Se référant à une déclaration de la deuxième branche de la Cour Suprême disciplinaire des juges, en date du 10 août 1985, relative à la peine de mort prononcée contrairement à la charia et à la loi, Akbari Monfared a souligné que les proches parents de la victime ont le droit de demander une enquête: « Un principe qui est reconnu par la justice iranienne estime que nul ne peut être poursuivi à nouveau pour une accusation pour laquelle une peine avait été émise dans le cadre d’une procédure.»

Elle souligne également que son frère et sa sœur et tous les autres partisans de l’OMPI « auraient dû être considérés comme des prisonniers de guerre au moment où l’OMPI était dans un état de guerre contre la République islamique, par conséquent, tuer un prisonnier de guerre est contre la loi de la charia et la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre qui est reconnue par la constitution de la République islamique. »

Elle conclut : « Selon le raisonnement ci-dessus et d’autres données disponibles, en particulier les échanges entre l’Ayatollah Montazeri, successeur désigné de Khomeiny, et Mostafa Pour-Mohammadi, Hossein Ali Nayyeri, Morteza Eshraqi et Seyyed Ebrahim Raissi, (les membres de la commission de la mort) l’exécution des prisonniers politiques, y compris ma sœur et mon frère, en 1988 était contraire à la loi applicable, la charia et aux engagements internationaux de la République islamique.

« Vu que la déposition d’un recours devant les tribunaux internationaux n’est possible qu’après une plainte devant les tribunaux nationaux, j’appelle donc à une enquête au sujet de l’exécution illégale de ma sœur et de mon frère. Ainsi qu’à la divulgation des faits, y compris les noms des responsables de leur mort et d’autres preuves dans leurs dossiers. J’appelle également à une enquête pénale, conformément à la législation applicable, en particulier l’article 34 de la Constitution qui reconnaît la quête de justice en tant que droit absolu de chaque individu. Par ailleurs, étant donné que l’emplacement de leur sépulture n’a jamais été déclaré à la famille, je recherche, par conséquent, les faits concernant les circonstances de leur décès et le lieu de leur sépulture ».

Suite à la plainte de la courageuse prisonnière, un responsable du bureau du procureur de Téhéran a déclaré que l’ordre de couper les visites de la prisonnière avec son mari et ses enfants a été émis « d’en haut ». Il a également répondu verbalement à sa famille : « Que cherche-elle savoir ? Ceux qui ont exécuté son frère et sa sœur sont actuellement morts ou trop vieux. Et son frère et sa sœur sont probablement enterrés au cimetière de Khavaran. »

Le responsable cité a également dit à la famille d’Akbari Monfared que de telles plaintes ne feront qu’envenimer sa situation en prison et bloquera sa libération.

Concernant le lieu de sépulture des prisonniers massacrés en 1988, des témoins oculaires ont rapporté que les corps des victimes ont été secrètement jetés dans des fosses communes au cimetière de Khavaran, consacré aux « infidèles ».

Le dossier du « massacre de 88 » a récemment bondit au premier plan de l’actualité iranienne à la suite de la mise en ligne, d’une bande sonore compromettante d’une conversation de l’Ayatollah Montazeri avec les auteurs du massacre. Montazeri, alors dauphin de Khomeiny, y dénonçait vigoureusement ce crime : « C’est le crime le plus important commis sous la République islamique et pour lequel nous serons condamnés par l’Histoire. C’est vous qui l’avez commis et c’est pourquoi l’histoire enregistrera vos noms en tant que criminels (…) Ce n’est pas comme ça que je voulais que ça se passe. Dans 50 ans, Khomeiny sera jugé comme une figure sanguinaire et cruelle ». Il fut ensuite déchut par Khomeiny pour ces propos.

 

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