AFP, Téhéran, 22 avril – Les autorités iraniennes ont lancé une nouvelle campagne contre les femmes contrevenant au code vestimentaire islamique en vigueur dans le pays, a relaté dimanche la presse nationale.
Les journaux ont publié en une des photos de femmes policiers en tchador noir tançant des jeunes téhéranaises vêtues d’habits cintrés aux couleurs vives.
« Entre le début de la campagne samedi à 10H00 et la mi-journée dimanche, 1.347 femmes ont reçu un avertissement », a indiqué à l’AFP Mehdi Ahmadi, chef du service d’information de la police de Téhéran.
Mais 170 ont été interpellées, a-t-il ajouté, « dont 58 ont été relchées après avoir signé un engagement à modifier leur conduite et après avoir modifié leur tenue ».
Le cas des autres femmes interpellées « a été transmis aux autorités judiciaires », a-t-il précisé, sans autres détails.
L’agence Fars avait indiqué auparavant que les premières contrevenantes aux canons de la mode islamique étaient averties dans un premier temps, et emmenées dans un centre correctionnel si elles protestaient.
Les autorités lancent rituellement une telle campagne avec l’arrivée des beaux jours, qui poussent un nombre croissant de jeunes citadines à dévoiler une partie de leur chevelure, et à souligner leurs formes avec des vêtements cintrés.
Le code vestimentaire islamique iranien exige de ne découvrir que le visage et les mains. Il est observé par un grand nombre de femmes qui portent le tchador, un long voile noir couvrant le corps de la chevelure jusqu’aux pieds.
Les autorités semblent insister plus sur le caractère incitatif que punitif de leur nouvelle campagne, notamment dans la capitale.
La tche n’en reste pas moins difficile dans une ville comptant plus de sept millions d’habitants et couvrant plusieurs dizaines de kilomètres carrés.
Les campagnes précédentes se sont éteintes d’elle-mêmes après quelques semaines, mais selon M. Ahmadi celle ci « n’a pas de limite ».
Une nouveauté est qu’elle est aussi censée s’adresser aux hommes, et particulièrement « à ceux qui portent des vêtements moulants et des coupes de cheveux +à la mode+ », a ajouté le porte-parole.
Le port de T-shirts révélant d’éventuels pectoraux, ainsi que des cheveux dressés sur la tête et fixés avec du gel est très en vogue parmi les jeunes hommes de la capitale.
Les conservateurs ont applaudi le lancement de cette campagne, jugée indispensable pour contrer ce qu’ils considèrent comme un grave relchement des moeurs.
« La situation actuelle est honteuse pour un gouvernement islamique », a dit Mohammad Taghi Rahbar, un membre de ma commission culturelle du parlement, cité par le quotidien Etemad.
« Un homme voyant ces +mannequins+ dans les rues ne prêtera plus attention à sa femme à la maison, détruisant ainsi le fondement de la famille », a-t-il ajouté.
Dans un éditorial, le quotidien conservateur Kayhan a quant à lui apporté son soutien à la police: « ne vous inquiétez pas, le peuple vous soutient », ainsi, selon le journal, que « l’homme qui voit ceux qui ont volé la chasteté de sa famille lui rire au nez ».