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Toute distinction entre « extrémistes » et « modérés » au sein du système politique iranien est erronée

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Toute distinction entre « extrémistes » et « modérés » au sein du système politique iranien est erronée

Dans un article intitulé « Élections iraniennes : les Turbans Noirs contre les Turbans Blancs », paru sur le site de ‘l’Institut Gatestone’, le 17 avril 2017, Mohammad Amin, expert des questions iraniennes et chercheur à la Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient (FEMO) à Paris, analyse la prochaine élection présidentielle en Iran.

Voici des extraits de cet article :

Le scrutin présidentiel en Iran, prévu pour le 19 mai, a amené de nombreux observateurs à s’interroger si le titulaire du « turban blanc », Hassan Rohani, pourra oui ou non conserver sa place ou s’il sera battu par son challenger potentiel, le mollah au « turban noir » Ebrahim Raisi, connu pour son rôle prépondérant dans le massacre de plus de trente mille prisonniers politiques en 1988 en Iran.

Plus important encore, la question qui trotte dans les esprits occidentaux est de comprendre quel impact aura le résultat de cette élection sur l’avenir du régime.

Les deux périodes de l’histoire récente de l’Iran qui doivent être examinées afin de répondre à cette question sont celle du mandat de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), et celle de son successeur, Hassan Rohani.

Au début de l’ère Ahmadinejad, le PIB de l’Iran (en utilisant la parité du pouvoir d’achat) avait dépassé 1 milliard de dollars, et deux des plus grandes menaces du pays – l’Irak de Saddam Hussein et l’Afghanistan des talibans – avaient disparu. Les deux ont permis au Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, de consolider son pouvoir.

Au milieu de cette période cependant, l’économie iranienne s’est effondrée. L’Iran est devenu le pays avec le cinquième taux d’inflation le plus élevé au monde. Il est tombé dans une récession grave et des millions d’Iraniens se sont retrouvés au chômage. Tout ceci se passait avant même que la communauté internationale n’impose des sanctions contre Téhéran.

Pendant les années qui ont suivi le remplacement d’Ahmadinejad par le « modéré » Hassan Rohani, les sanctions ont été levées, les exportations de pétrole ont atteint les niveaux d’avant sanctions, des milliards de dollars d’actifs à l’étranger ont été dégelés et des centaines d’accords ont été signés pour développer les affaires avec l’Occident.

Néanmoins, la dernière année du mandat de Rohani a été caractérisée par une autre crise économique, résumée en mars dernier par le ministre iranien des transports et de la Construction, Abbas Akhoondi, en ces termes : les banques sont en faillite, il y a une dette nationale accablante et une faible efficacité économique.

Les crises économiques de l’Iran reflètent ses crises politiques. En dépit d’une série de mesures que l’Occident imaginait pouvoir le propulser dans une ère nouvelle, c’est tout le contraire qui s’est passé. En effet, bien que Téhéran ait signé le Plan Global d’Action Conjoint (JCPOA-Accord nucléaire) avec les puissances mondiales en juillet 2015 – et que le président américain de l’époque, Barack Obama, a persisté dans les tentatives d’allègement des tensions – Téhéran a accru sa politique répressive en Iran et ses activités déstabilisatrices au Moyen-Orient, dépassant ses propres records depuis 30 ans.

Plus de 3 000 exécutions d’Iraniens, pour des « crimes » tels que « insulte à l’islam » ont eu lieu sous Rohani ; l’Iran s’est impliqué dans trois guerres en Syrie, en Irak et au Yémen ; et, selon l’agence de presse Mehr, le gouvernement de Rohani a œuvré pour faire avancer le développement des armes stratégiques plus intensément que jamais au cours de la dernière décennie.

Tout ce qui précède indique que toute distinction entre « extrémistes » et « modérés » au sein de l’institution politique iranienne est fausse. Comme l’a si fameusement déclaré l’ancien Secrétaire d’État américain, Henry Kissinger : « Un dirigeant iranien modéré est un dirigeant qui a manqué de munitions. »

Cela signifie que quels que soient les résultats de la prochaine élection en Iran, il n’y aura pas de changement en ce qui concerne les violations des droits de l’homme ou les objectifs d’hégémonie régionale et de quête d’armes nucléaires. Dans le cas d’une victoire de Rohani, l’économie du pays restera paralysée tant que les conflits entre factions se poursuivront et que les clivages s’élargiront.

Si Raïssi devient président, Khamenei et les pasdaran (CGRI) vont resserrer leur emprise sur l’économie, ce qui entraînera une dépression encore plus grande, car ils continueront à alloue la majeure partie des caisses du pays pour alimenter les guerres régionales et financer le terrorisme mondial.

Comme l’a déclaré le feu chef du Parti communiste chinois, Deng Xiaoping, lors d’un discours en 1962 : « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, du moment qu’il attrape des souris. » Dans l’Iran d’aujourd’hui, peu importe que le turban du président soit noir (ce qui signifie que son porteur est un descendant du Prophète Mohammed) ou blanc, du moment qu’il reste fidèle à la théocratie.

Ce qui importe c’est le comportement de l’Occident, en particulier les Etats-Unis, dans un avenir proche. S’ils recourent encore à une coopération avec les forces soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie, Khamenei sera non seulement capable de poursuivre ses intérêts régionaux et mondiaux sans restriction, mais sera mieux équipé pour contenir les crises sur le plan national.

Si, d’autre part, les États-Unis adoptent une politique consistant à mettre fin à l’ingérence de Téhéran au Moyen-Orient (comme pourrait l’indiquer son tir de missile sur une base aérienne du régime syrien le 6 avril), la poudrière de la contestation sociale pourrait exploser, ce qui serait un désastre pour le régime des mollahs, quel que soit le candidat qui remporte l’élection présidentielle. »

 

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