Iran Focus, 29 juin Par Mehdi Akhoundeh – Depuis lélection dAhmadinejad en Iran, les analystes et les tenants de la pensée unique en Europe se trouvent dans un embarras total. LEurope de la complaisance et des concessions multiples aux mollahs avait dabord misé sur le candidat Moïne. Les ambassadeurs européens à Téhéran étaient allés à sa rencontre lors de la campagne du premier tour. Mais Moïne a encaissé un échec cinglant et a été éliminé. Sa présence parmi les candidats nétait quune manuvre du guide suprême Khamenei pour affaiblir la position de Rafsandjani. Les Européens ont sous-estimé lampleur de la déception suscitée par Khatami chez les Iraniens, qui nont fait aucun cas du pion de moindre importance quétait Moïne.
Au deuxième tour, lespoir des Européens sest porté sur le candidat Rafsandjani. Le pragmatisme cynique de ce conservateur confirmé était plus au goût des chercheurs dor noir au Moyen-Orient. Il sest vu glorifier de « Chirac » de lIran, de « sauveur », et de « modéré ». Mais rien de cela na suffit pour tromper la population et lattirer aux urnes. La campagne semblait même plus chaude dans la presse étrangère, notamment française, quen Iran où régnait le calme plat.
Résultat, le peuple sest abstenu de voter. Le guide suprême a donné pour consigne à la milice du Bassidj, aux pasdarans et autres groupes paramilitaires daller voter en faveur dAhmadinejad. Les fraudes massives et le bourrage des urnes ont fait le reste. Lhomme aux mille coups comme on lappelle en Iran pour les coups de grâce donnés aux prisonniers politiques exécutés, est sorti de la lampe merveilleuse du guide suprême.
Ce coup de magie na pas manqué de sonner les Européens. A tel point que lon a entendu des commentaires délirants sur cet Iran quils ne comprennent plus. Le nouveau président-tortionnaire au passé terroriste devient « lhomme aimé du petit peuple ». Les paroles de certains commentateurs résonnent comme une insulte pour le peuple iranien qui a fait preuve de vigilance en refusant de marcher dans cette mise en scène électorale.
Incapables de comprendre ce qui sest passé, les pays occidentaux ne peuvent prévoir lavenir. « Inch Allah » est devenu le mot dordre de toutes les chancelleries qui espèrent que « peut-être rien ne changera ». Les prises de position se veulent rassurantes.
En fait, loccident sest pris à son propre piège. La politique dite de « dialogue critique » et « dengagement constructif » menée sous prétexte de favoriser lémergence dune faction réformiste en Iran, na fait que fortifier laile la plus ultra, faute de véritable modéré au sein de cette théocratie.
A force de fournir des gages, lEurope a nourri le Bête immonde du fascisme religieux. Rappelons que concernant ces concessions, lagence officielle IRNA rapportait dans une dépêche du 16 novembre 2002 : « lUE a franchi des pas décisifs pour améliorer ses relations avec lIran, elle a mis le groupe des Moudjahidine du peuple sur la liste du terrorisme, a décidé douvrir des discussions sur un accord de commerce et de coopération, a décidé de ne pas présenter de résolution à lAssemblée générale de lONU critiquant la situation des droits de lhomme en Iran et a entamé les discussions pour encourager la coopération dans le secteur de lénergie »
Cest dans ce dernier volet que les marchands de valeurs en Europe piétinent aujourdhui. Les pays occidentaux ont adopté la politique de lAutruche pour ne pas voir la réalité en face. Daprès un analyste de l’Institut international des études stratégiques (IISS) à Londres, les Iraniens ont clairement fait savoir qu’ils rejetteraient des offres de coopération de l’Union européenne fin juillet-début août, s’ils n’obtiennent pas gain de cause sur leur droit à produire du combustible nucléaire.
Des sources des renseignements ont dit à lAFP que l’Iran a mis en place un comité spécial chargé de camoufler les efforts pour retraiter plus tard le plutonium dArak et celui provenant d’une future centrale nucléaire de fabrication russe à Bouchehr. « Ce comité est en train de rassembler toute la documentation en un lieu sûr des archives de l’Etat », précise cette information.
Les pays occidentaux qui ont provoqué la situation actuelle en Iran par une politique irresponsable, veulent donc encore donner du temps à cette dictature religieuse. Ce sera au peuple iranien de payer une fois de plus le durcissement de la répression, mais cette fois, il nen sera pas la seule victime.
Avant quil ne soit trop tard, les pays occidentaux feraient mieux de se ressaisir, dabandonner les gages immoraux offerts aux mollahs intégristes. Pour commencer, ils devraient retirer de la lite terroriste la principale formation de la résistance iranienne.
Pour cela il faut peut être que dabord lEurope suive le seul conseil valable du président-assassin Ahmadinejad : « les pays européens doivent sortir de leur tour divoire ».