Iran Focus, Téhéran, 29 juillet La justice iranienne a arrêté plusieurs cadres dune compagnie de forage pétrolier privée pour avoir négocié avec le géant pétrolier Halliburton et un haut négociateur nucléaire est accusé dimplication dans une escroquerie pétrolière, a rapporté une agence semi-officielle.
Lagence de presse Fars a dit que Mehrdad Safdari, PDG dOriental Oil Kish, et plusieurs de ses collègues sont interrogés sur les affaires de la compagnie.
Un membre de premier plan de léquipe de négociation nucléaire iranienne, Cyrus Nasseri, est le directeur général de la compagnie pétrolière. Lagence de presse a dit quune « source bien informée » a vivement critiqué « les instances politiques et de sécurité » iraniennes pour leur « incapacité flagrante » dempêcher Nasseri de négocier avec Halliburton.
« Les autorités doivent être particulièrement vigilantes sur lampleur des activités de certains responsable du pays », a-t-il dit. La source notait que « Nasseri avait accès aux informations les plus secrètes du pays en tant que membre de léquipe de négociation nucléaire et quen même temps il négociait directement avec la compagnie américaine Halliburton qui a été dirigée par Dick Cheney. »
Oriental Oil Kish, une des plus grandes compagnies pétrolière privées iraniennes, a été créée en 2003 avec un capital initial de 10 millions de tomans. En quelques semaines, le capital de la compagnie est passé à 200 millions de dollars pour soudain bondir à sept milliards de dollars, une augmentation surprenante de 700 % en moins dun an.
« Le judiciaire enquête sur cette compagnie depuis six mois et après avoir collecté suffisamment dinformations et mené des enquêtes complémentaires, les poursuites ont commencé », écrit lagence Fars, qui est proche du guide suprême layatollah Ali Khameneï.
On compte parmi les autres cadres supérieurs inculpés, le directeur exécutif Mohammad Madani, son sous-directeur Ali Matine Nejati, et le directeur des opérations Ahmad Salari.
Le journal Keyhan a rapporté que les enquêteurs avaient découvert un million de dollars en liquide au domicile dun des cadres arrêtés. « Des personnalités puissantes ont exercé des pressions pour obtenir sa libération, mais le chef du judiciaire Mahmoud Chahroudi a insisté quil fallait poursuivre lenquête », a indiqué le quotidien, ajoutant quil découvrirait « la chaîne de corruption et de détournement. »
Oriental Oil Kish est dabord apparue sur les écrans radars internationaux en janvier, quand il a annoncé que la compagnie avait sous-contracté le projet de forage de Pars Sud à Halliburton Products and Services enregistré aux îles Caïmans.
« Nasseri, un haut diplomate iranien négociant avec lEurope sur le programme nucléaire controversée de lIran, est au cur des accords avec les compagnies américaines pour développer lindustrie pétrolière du pays » écrivait le Financial Times.
Le jour suivant, Halliburton annonçait que le projet de champ gazier de Pars Sud serait son dernier en Iran.
Mais la controverse sur le négociateur nucléaire signant un contrat pétrolier avec le géant américain du pétrole ne sest pas éteinte en Iran. Les députés radicaux ont demandé à interroger Nasseri à ce sujet et un journal influent de Téhéran a rapporté que le ministère du pétrole confiait des contrats de plusieurs millions de dollars à lOriental Oil Kish, alors que la plus grande partie des opérations de la compagnie nexistaient que sur le papier.
« Cette compagnie a gagné des contrats de plus de 500 millions de dollars du ministère du pétrole ces trois dernières années alors quelle nest même pas enregistrée en Iran », écrivait le journal Kayhan dans un éditorial le 20 janvier 2005.
En fait Oriental Oil Kish a été montée par des entrepreneurs et des autorités proches de Rafsandjani, dont Nasseri est lui-même un protégé.
Les enquêteurs ont souligné que le centre opérationnel de la compagnie est à Dubaï dans un petit bureau avec sept employés, pour la plupart indiens. Ses deux bureaux dans la rue Vali-Asr et la rue Africa ne porte aucun signe et emploient environ 15 personnes. La lettre à entête de la compagnie ne comporte aucune adresse et ne présente quun numéro de téléphone.
Les analystes voient dans la mesure judiciaire contre la compagnie une attaque frontale du camp ultra sur les affaires pétrolières de Rafsandjani et de ses alliés. Ahmadinejad après son arrivée à la présidence avait juré de « purger lindustrie pétrolière du pays de linfluence de la mafia et de la corruption ». Cela avait été interprété comme une allusion à peine voilée à limplication de son rival Rafsandjani dans les compagnies pétrolières privées en Iran.
« En visant les compagnies pétrolières privées dirigées par le clan Rafsandjani, Khameneï vise la jugulaire de lancien président », estime Ahmad Nassehi, un analyste financier basé à Dubaï. « Rafsandjani a perdu le plus gros de sa frappe politique durant lélection. Si on sen prend aussi à son pouvoir économique, il sera mis hors jeu pour de bon. »
Les analystes disent que les poursuites judiciaires contre lOriental Oil Kish montreront jusquà quel degré le nouveau gouvernement veut lancer sa campagne de lutte contre la corruption.