AFP, Téhéran, 9 novembre – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a essuyé mercredi un nouveau désaveu de la part du parlement qui l’a contraint à retirer son candidat au poste stratégique de ministre du Pétrole.
Trois mois après sa prise de fonctions, M. Ahmadinejad n’est donc toujours pas parvenu à compléter son gouvernement et à imposer son autorité à un parlement dont on pouvait croire la majorité conservatrice acquise à sa cause quand le président a pris ses fonctions en août.
C’est la deuxième fois en moins de deux mois que les députés récusent le choix du président pour le ministère du Pétrole du deuxième pays producteur de l’Opep. Le 24 août, ils avaient dénié la confiance à Ali Saïdlou ainsi qu’à trois autres ministrables.
En guise de consolation, les députés ont approuvé cette fois les trois prétendants à l’Education (Mahmoud Farshidi), aux Affaires sociales (Parviz Kazemi) et aux Coopératives (Mohammad Nazemi Ardekani).
Mais, devant le vote défavorable qui s’annonçait pour le Pétrole, M. Ahmadinejad n’a pas laissé le parlement voter ou non la confiance à Seyed Sadegh Mahsouli.
Il a fait lire par le président du parlement Gholam Ali Hadad Adel la lettre de désistement de M. Mahsouli et sa propre réponse: « Malgré mon souhait profond et bien que je connaisse vos capacités, j’accepte votre désistement ».
Le choix de M. Mahsouli, un inconnu dépourvu de toute expérience dans le secteur pétrolier alors que les hydrocarbures représentent 80% des recettes d’exportations iraniennes, heurtait une bonne partie des députés.
Plusieurs députés ont ouvertement dénoncé ces derniers jours l’incompétence de M. Mahsouli. Ils s’en sont aussi pris à la personnalité de « commandant milliardaire » de cet ancien officier de l’armée idéologique, dont la fortune est présumée considérable.
L’ancienne appartenance de M. Mahsouli à l’armée idéologique (les Gardiens de la Révolution), dont est également issu M. Ahmadinejad, a encore accru le ressentiment du parlement où on s’inquiète ouvertement de nominations selon les accointances.
Beaucoup de parlementaires ont été confortés mercredi dans la conviction que M. Ahmadinejad méprisait le Majlis (assemblée) par son apparition tardive à une séance aussi importante.
Le portefeuille économique le plus important du gouvernement reste donc sans titulaire alors que M. Ahmadinejad a mis ce ministère au coeur de sa campagne en en faisant la vitrine future de son combat contre la corruption et de la redistribution des richesses.
La promesse de M. Ahmadinejad de faire en sorte que les Iraniens voient « dans leur assiette » les revenus faramineux du pétrole a grandement contribué à sa victoire.
Or de plus en plus de voix s’élèvent, chez les conservateurs et même dans les cercles dirigeants, pour demander où en sont les engagements pris par le candidat Ahmadinejad.
Cette contestation grandissante se double des pressions croissantes exercées par la communauté internationale, que M. Ahmadinejad a braquée en grande partie contre l’Iran en déclarant qu’Israël devait être « rayé de la carte ».
L’Iran passera une nouvelle épreuve délicate le 24 novembre quand l’Agence internationale de l’énergie atomique se penchera sur son dossier nucléaire, avec la possibilité de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu.
« Aucun gouvernement, au cours de ses deux premiers mois d’existence, n’a dû faire face à une propagande aussi négative, menée à l’intérieur et à l’extérieur » du pays, a été contraint de reconnaître au parlement un président visiblement amer.
Les responsables, en Iran, sont les « profiteurs », a-t-il dit. Il a promis une purge.
« J’ai sur moi une longue liste de ceux qui ont profité des biens publics mais, sur le conseil d’amis, je n’en donnerai pas lecture », a dit celui dont la réputation d’intégrité a grandement participé au succès inattendu auprès des masses populaires à la présidentielle.
Mais, « avec l’application de la justice, beaucoup de mains vont être coupées qui puisaient dans les caisses de l’Etat », a-t-il dit.