Reuters, New York De Tom Doggett Le conflit entre lOccident et lIran concernant son programme nucléaire ne va probablement pas inciter Téhéran à interrompre ses exportations de pétrole, mais si cétait le cas, le monde pourrait se passer de cet approvisionnement, a déclaré mardi le secrétaire américain à lEnergie Sam Bodman.
Les Etats-Unis et dautres pays occidentaux craignent que lIran tente de fabriquer la bombe atomique, bien que Téhéran insiste sur le fait quil désire lénergie nucléaire uniquement pour générer plus délectricité.
« Lidée que lIran retire son pétrole du marché ne mempêche pas de dormir parce quils sont extrêmement dépendants des revenus de lexportation du pétrole », a affirmé Bodman lors du Sommet mondial de lénergie Reuters qui sest tenu à New York.
Le département de lEnergie a déclaré la semaine dernière au Congrès que les 26 pays appartenant à lAgence internationale de lEnergie atomique détenaient suffisamment de réserves en pétrole contrôlées par lEtat ou privées pour parer à une interruption des exportations de pétrole brut iranien pendant plus de quatre ans.
Les négociants en énergie craignent que si les Nations Unies punissaient lIran avec des sanctions, Téhéran pourrait porter un coup aux économies occidentales en stoppant tout ou partie de ses exportations de pétrole, comme lIrak la fait avant linvasion américaine en 2003.
« Ce que tout le monde craint vraiment cest une sorte dépreuve de force avec lIran concernant le problème du retraitement de luranium. Cela toucherait non seulement les exportations iraniennes, mais cela pourrait aussi se propager aux autres pays du Moyen Orient », selon Adam Sieminski, économiste responsable de lénergie pour la Deutsche Bank, qui sest également exprimé au Sommet de lénergie Reuters.
Les inquiétudes concernant lIran ont fait augmenter les prix du brut au niveau record de 75$ le baril le mois dernier.
Les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies doivent se réunir mercredi pour déterminer comment empêcher lIran denrichir de luranium et pour envisager des avantages proposés par les pays européens afin de convaincre Téhéran dabandonner son programme nucléaire.
« Je pense que nous nous situons aux premiers stades de lactivité diplomatique et nous avons bon espoir de réussir », a dit Bodman.
Toutefois, si lIran décidait de riposter en suspendant ses exportations de pétrole, les Etats-Unis et les autres nations consommatrices de pétrole pourraient faire face à ce bouleversement de lapprovisionnement, a-t-il affirmé.
LIran est le quatrième plus grand producteur de pétrole au monde et détient 10 pourcent des réserves mondiales de pétrole avérées.
Les sanctions américaines contre lIran interdisent les importations directes aux USA de pétrole iranien. Cependant, si tout ou partie du pétrole iranien est retiré du marché, les autres pays qui achètent le brut iranien devraient chercher dautres fournisseurs, en concurrence avec les Etats-Unis, qui importent 60 pourcent de son pétrole.
LIran exporte près de 2,7 millions de barils de pétrole par jour, la plus grande partie de ce pétrole allant au Japon, en Chine, en Corée du Sud, à Taiwan et en Europe.
Selon les experts en énergie, une interruption des exportations de pétrole iranien ferait monter les prix du brut en flèche, probablement à 100$ le baril, car la capacité de production de pétrole en surplus nest pas suffisante pour compenser la perte de lapprovisionnement iranien.
Mais le jeu en vaut la chandelle si cela pouvait empêcher lIran dobtenir des armes nucléaires, a suggéré Bodman.
« Nous pensons que ce pays a lintention de développer larme nucléaire. Nous navons pas besoin dune arme nucléaire en Iran et nous prenons toutes les mesures possibles pour len empêcher », selon Bodman.
Lorsquon lui a demandé si le monde devait se préparer à perdre le pétrole iranien et à payer le brut plus cher, Bodman a répondu : « Je ne crois pas quil soit dans leur intérêt de stopper les exportations de pétrole ».
En effet, léconomie iranienne repose largement sur les exportations du pétrole, qui représentent 80 à 90 pourcent de ses revenus dexportations et 40 à 50 pourcent du budget du gouvernement, selon lAdministration de linformation sur lénergie (EIA) des Etats-Unis.
« Les prix élevés du pétrole ces dernières années ont fait augmenter les revenus provenant des exportations de pétrole en Iran et a amélioré sa situation économique », selon lEIA. Léconomie iranienne a connu une croissance de 5,6 pourcent lannée dernière qui devrait passer à 4,8 pourcent cette année, daprès lagence.